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SOLAS

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Posts posted by SOLAS

  1. Décès du Général-major à la retraite Khaled Nezzar: le Général d'Armée Saïd Chanegriha présente ses condoléances

     Publié Le : Vendredi, 29 Décembre 2023 19:55    Lu : 50 fois
     
    Décès du Général-major à la retraite Khaled Nezzar: le Général d'Armée Saïd Chanegriha présente ses condoléances
     
     

    ALGER - Le Chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire, le Général d'Armée Saïd Chanegriha, a adressé un message de condoléances à la famille du Général-major à la retraite le moudjahid Khaled Nezzar, décédé vendredi des suites d'une longue maladie.

    "Suite au décès du Général-major à la retraite le moudjahid Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense nationale, survenu vendredi 29 décembre 2023, après une maladie chronique, le Général d'Armée Saïd Chanegriha, Chef d'Etat-major de l'Armée nationale populaire, présente, en son nom et au nom de l'ensemble des personnels de l'Armée nationale populaire, ses sincères condoléances et fait part à la famille du défunt de sa profonde compassion, priant Allah Tout-Puissant d'accorder au défunt Sa sainte miséricorde et de l'accueillir en Son vaste paradis parmi les martyrs et les valeureux saints et d'octroyer à sa famille et ses proches tout le courage et la force en cette dure épreuve.

    +A Allah nous appartenons et à Lui nous retournons+", lit-on dans le message de condoléances.

  2. Décès de l'ancien ministre de la Défense nationale, le Général-major à la retraite Khaled Nezzar: le président de la République présente ses condoléances

     Publié Le : Vendredi, 29 Décembre 2023 19:38    Lu : 25 fois
     
    Décès de l'ancien ministre de la Défense nationale, le Général-major à la retraite Khaled Nezzar: le président de la République présente ses condoléances
     
     

    ALGER - Le président de la République, Chef suprême des Forces armées, ministre de la Défense nationale, M. Abdelmadjid Tebboune, a adressé, vendredi, un message de condoléances à la famille de l'ancien ministre de la Défense nationale, le Général-major à la retraite Khaled Nezzar.

    "+O toi âme apaisée retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée, entre donc parmi Mes serviteurs et entre dans Mon paradis+.

    C'est avec une immense tristesse et une profonde affliction que j'ai appris le décès du Général-major Khaled Nezzar, ancien ministre de la Défense nationale, paix à son âme.

    Le défunt fut une éminente personnalité militaire ayant voué sa vie, pleine de sacrifices et de dévouement, au service de la patrie, à partir des différents postes et responsabilités qu'il a occupés. Face à cette épreuve, nous ne pouvons que nous résigner à la volonté d'Allah.

    Compatissant à la douleur de ses proches et ses compagnons, je présente mes sincères condoléances à la famille du défunt et à celle de l'Armée nationale populaire (ANP), digne héritière de l'Armée de libération nationale (ALN), priant Allah Tout-Puissant de l'entourer de Sa sainte miséricorde, de l'accueillir en Son vaste paradis et de prêter patience et réconfort aux siens.

     +Nous sommes à Allah, et c'est à Lui que nous retournerons+", lit-on dans le message de condoléances.

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    1-Introduction

    Il y a 67 ans de cela, les dirigeants de l’intérieur du FLN se séparaient à Ifri, petit village au-dessus de la vallée de la Soummam, après avoir débattu pendant huit jours des origines de leur insurrection, des moyens qu’elle appelait après deux ans d’affrontements et des objectifs qu’elle devait atteindre une fois l’indépendance acquise. Aucun autre évènement de l’Algérie contemporaine ne connut – et ne connait – un traitement aussi contrasté. Les opinions, quand elles sont exprimées, sur la Soummam sont diamétralement opposées. Pour sa part, le pouvoir a longtemps choisi de mettre ce rendez-vous sous embargo. Ces dernières années, le congrès de la Soummam est cité avec le soulèvement auquel avait appelé Zighout Youcef une année auparavant dans le Nord-constantinois. Ma génération a grandi dans ce marasme. Partagée entre consternation, colère et devoir de toujours remettre les projecteurs sur la vérité des faits afin que le voile du silence et du mensonge n’impose sa loi à l’un des plus éminents moments de notre passé immédiat. À titre personnel, cette exigence fut l’un des aspects les plus prenants de mon combat : faire revivre la Soummam était une nécessité morale et un impératif politique.

    Le Président égyptien Gamal Abdenasser – et Ahmed Ben Bella qui s’aligna aussitôt sur sa position – inaugura l’opposition à la Soummam. Il fit immédiatement savoir que la plate-forme qui consacra ces assises devait être combattue pour des raisons stratégiques et doctrinales claires : l’Algérie ne saurait et ne pourrait se concevoir en dehors de la nation arabe dont il fut longtemps reconnu comme le leader incontesté. Depuis, tous les Algériens contestant le projet soummamien ne feront qu’émettre des déclinaisons de la décision égyptienne mais qui, ne s’avouant pas comme telles, peinent à trouver cohérence et crédit. Cela ne veut pas dire que ces postures ne méritent pas d’être analysées. Et débattues.

    Premiers à avoir embrayé sur la remise en cause du Congrès, les réseaux du ministère de l’Armement et des Liaisons Générales, le MALG de Boussouf. Ce dernier dont les conceptions, les méthodes de luttes et les objectifs du combat furent en tous points contraires à la vision incarnée par Abane avait de sérieuses raisons de s’y opposer. Le MALG, qui fut relayé ensuite par les militants algériens de la gauche arabe, s’adonna à un inlassable travail de désinformation et de sape contre la mémoire d’Abane, le tout sur fond de révisionnisme voire de négationnisme soummamien.

    Le but de cette intervention n’est pas de présenter les résolutions du congrès qui sont accessibles à tous mais de percer les origines objectives et subjectives qui motivent leur contestation. Il est important que nous traitions enfin de façon lucide, sereine et sans complaisance ces allégations car elles disent beaucoup de notre sociologie politique et, donc, de notre passé, de notre présent mais aussi sur notre futur.

    Si l’on synthétise les arguments formellement explicités – il y a les non-dits qui sont politiquement tout aussi signifiants – utilisés par les contempteurs de la Soummam, on peut les regrouper en quatre catégories. Les préparatifs de la réunion, la légitimité ou la représentativité des congressistes, le déroulement des assises et le contenu de la plate-forme.

    Reprenons un par un ces éléments.

    2-Les préparatifs

    Si peu d’intervenants contestent la nécessité de donner sens, institutions et doctrine à une insurrection lancée précipitamment sur les décombres d’un mouvement national en fin de cycle – et donc au principe de dépasser une phase de lutte dominée par l’improvisation – des réserves voire des condamnations récurrentes sont assénées pour déplorer les conditions qui ont présidé à la préparation de la rencontre d’aout 1956.

    2-1 La meule du MALG

    Des sources remontant souvent au MALG ou, plus tard, à l’Association des anciens membres de ce département arguent que des invitations au congrès n’auraient pas été adressées à tous les responsables susceptibles d’y être associés, et comme toutes les campagnes bien organisées, des voix annexes se chargent de les prolonger par des affirmations péjoratives, très souvent en contradiction avec la réalité des faits, mais qui abuseront une partie de l’opinion algérienne. On a ainsi laissé croire que Abane aurait, par ambition personnelle, penchant clanique ou, pire, tentation de dévier sinon de trahir la cause nationale, favorisé la présence des acteurs acquis à ses desseins ou sous son influence. L’allusion à une prédominance kabyle volontairement décidée pour maitriser ce congrès suintera partout mais elle n’est pas exprimée publiquement par les premiers de cordée. Elliptique, l’insinuation sera confiée à des seconds couteaux dont les propos contribueront à jeter le trouble, notamment dans certaines franges de la jeunesse[1]. On verra au cours de cet exposé les outrances, morales, politiques mais aussi intellectuelles engendrées par les cabales du MALG.

    Des documents difficilement contestables décrivent précisément la façon dont l’information a été adressée aux différents responsables en poste en 1956 dans le FLN. Tous les chefs de zones et la délégation extérieure ont reçu leur invitation. Mieux, des recommandations leur ont été expressément faites pour réunir leurs collaborateurs et arriver au congrès avec des rapports les plus fiables possibles sur la situation politique, le potentiel militaire et les ressources financières des régions relevant de leur autorité. C’est du reste ce qui s’est passé puisque les délégations qui ont pu parvenir à Ifri se sont présentées avec des informations recueillies lors d’évaluations effectuées en amont du congrès. On sait que la wilaya II a tenu son précongrès à côté d’El Harrouch et que ce fut Hachemi Hadjeres qui avait déjà quitté le lycée franco-musulman de Constantine pour rejoindre le maquis qui en fut le secrétaire. Même la zone du Sahara qui, pourtant, peinait à se structurer, produisit un écrit où elle faisait part, entre autres, des difficultés que rencontraient les militants chargés d’y implanter le FLN.

    On a beaucoup glosé sur l’absence des Aurès à la Soummam. Là encore, les interprétations sont distillées sur plusieurs paliers. On souligne la non-participation de ce qui deviendra la wilaya I avec suffisamment de confusion pour laisser prospérer l’idée que cette absence était souhaitée sinon provoquée. En la circonstance, il y a suffisamment de témoignages qui attestent du contraire. Le congrès fut même retardé pour permettre aux militants aurésiens d’arriver. La vérité, que la propagande tait, c’est que la mort de Mostefa Ben Boulaïd, chef incontesté des Aurès, a été tenue secrète par son entourage, probablement pour ne pas affecter le moral des populations mais aussi pour gérer une succession qui s’avéra problématique. Les relations entre Ben Boulaïd et Krim Belkacem, l’un des organisateurs du congrès, étaient exemplaires. Dans sa préface au livre de Rachid Adjaoud[2], Abdelhamid Djouadi qui a fait son maquis dans les Aurès rapporte le témoignage d’Amar Bellagoun qui a entendu Ben Boulaïd faire la recommandation suivante à ses collaborateurs : « S’il m’arrivait quelque chose, tournez-vous vers vos frères kabyles.» Cette information publiée du vivant des témoins n’a été reprise par aucun des publicitaires des affabulations et autres sous-entendus concernant la Soummam. Signe que la place du responsable des Aurès ne prêtait à aucune équivoque ; malgré son absence, le nom de Ben Boulaïd figure sur la liste des membres du Conseil national de la révolution algérienne, le CNRA, issu des assises d’Ifri.

    À l’inverse de ce qui est toujours ressassé, les contestations qui ont agité les Aurès après le congrès furent suscitées par Ahmed Mahsas, homme lige de Ben Bella, et non par les maquisards du cru. On peut multiplier à l’envi le rappel d’intoxications produites par le MALG immédiatement après la disparition d’Abane, c’est-à-dire dès le début de l’année 1958.

    2-2 L’influence égyptienne

    Les mêmes doutes ont été entretenus à propos de la délégation extérieure. La lettre expédiée par Abane Ramdane aux membres du FLN basés au Caire existe[3]. On y lit :

    « La France est décidée à nous écraser ; des cris d’alarme nous parviennent de tous les chefs de zones et de régions, particulièrement du Nord-constantinois et de la Kabylie. Il nous est très difficile de les calmer, ils sont terriblement remontés contre votre carence et nous demandent de vous dénoncer publiquement. Des groupes entiers ont enterré leurs armes faute de munitions et se sont mêlés à la population. Le changement s’est emparé du public qui commence à nous lâcher. Des régions entières demandent la protection de l’armée française, c’est, en un mot, le début de la fin. Nous espérons que vous serez au rendez-vous ; sinon, nous prendrons seuls les grandes décisions et alors, vous ne vous en prendrez qu’à vous-mêmes. (…) les deux délégués qui rentreront du Caire doivent être choisis par le « comité des six », (Khider, Aït Ahmed, Lamine, Ben Bella, Boudiaf et Ben M’hidi). Envoyez de préférence Ben Bella et Aït Ahmed ou Ben Bella et Khider. Il y a une autre voie pour la rentrée des délégués du Caire. Ils pourront venir au Rif, de là rentrer facilement en Oranie et foncer par train jusqu’à Alger. D’Alger nous répondrons de leur sécurité jusqu’au Nord-constantinois[4]. »

    Ce document n’a pas empêché les spéculations malveillantes. Sur ce sujet aussi, les détracteurs de la Soummam n’ont pas manqué d’esprit retors ni… d’imagination. Comme il est difficile de nier la réalité de la correspondance ci-dessus, on a entendu et lu que Abane avait fait de sorte qu’Ahmed Ben Bella n’arrive pas à la Soummam. Ce dernier affirmera qu’il avait attendu en vain à San Remo une orientation qui ne lui est jamais parvenue et qu’il n’a pu, de ce fait, accomplir le trajet à son terme. Larbi Ben M’hidi qui se trouvait au Caire au même moment que Ben Bella est bel et bien arrivé à la Soummam où il a présidé le congrès. Khider qui était averti de ce qui se préparait avait reçu instruction d’informer l’ensemble des cadres basés au Caire. Ce qui ne fut pas fait. Aït Ahmed qui était pourtant le beau-frère de ce dernier, déclarera que personne ne l’avait avisé de la tenue du Congrès[5]. Ben Bella, qui avait physiquement agressé Ben M’hidi au Caire, appréhendait de se présenter devant ses pairs de l’intérieur qui lui reprochaient de se préoccuper de ses accointances égyptiennes au lieu de s’employer à fournir en armes les maquis. Dans ses mémoires, Fathi Dib[6] signale à plusieurs repises les confidences que lui faisait Ben Bella contre ses camarades. Les affidés du MALG ne soulèveront jamais la déloyauté d’Ahmed Ben Bella. Sur l’absence de Ben Bella à Ifri, les contestataires de la Soummam valident son explication et évacuent l’idée de son esquive ou d’autres hypothèses qui méritent tout autant d’être envisagées.

    Il faut bien savoir que nous sommes au début de 1956. Après le 1er novembre, ceux qui avaient déclenché l’insurrection étaient restés silencieux pendant cinq mois. Le premier tract du FLN a été publié en mars 1955 par… Abane, entre-temps sorti de prison, et qui n’eut pas de mots assez durs pour dénoncer l’impréparation du déclenchement de la lutte armée. Les communications étaient contraintes par un quadrillage de plus en plus serré et, contrairement à ce que se plaisent à marteler les propagandistes, la population algérienne n’avait pas encore massivement basculé en faveur du FLN.

    2-3 Une organisation inédite

    Compte tenu du contexte politique et sécuritaire de l’époque, il était difficile de faire plus en matière d’organisation et de communication avant le congrès. N’ont pas assisté aux assises de la Soummam ceux qui étaient en prison ou tués et dont leurs camarades ignoraient la disparition, certains des éléments pressentis pour gérer le grand Sud qui étaient face à des hostilités locales qui limitaient ou interdisaient leurs déplacements ou, Ben Bella, qui, lui, aurait très bien pu faire le choix de ne pas figurer dans un conclave dont il redoutait les débats et les conclusions qu’il savait réfractaires aux désidératas des mentors égyptiens. Les lettres envoyées d’Alger exigeant la complète autonomie de la direction du FLN vis-à-vis du Caire annonçaient les termes qui devaient prévaloir entre les nationalistes algériens et le gouvernement égyptien. On voit mal Ben Bella, proconsul de Nasser, lui présentant une plate-forme proclamant que « la révolution algérienne n’est inféodée ni au Caire, ni à Londres ni à Moscou ni à Washington. »

    Ni les 22 qui ont pris une décision aussi lourde de conséquences que celle de déclencher la guerre, ni les 6 et les 3 de la délégation extérieure qui en ont précisé les modalités n’ont consulté et encore moins demandé l’avis des cadres intermédiaires sur la création de ce qui deviendra le FLN. Nul n’a entendu le MALG ou les militants panarabistes soulever la question de la légitimité des 22 ou des 6+3. Les mêmes critères politiques et moraux seront implacables envers Abane et la Soummam et magnanimes voire favorables quand il s’agira de les appliquer à d’autres circonstances ou personnages.

    La répression policière et le déploiement des troupes françaises en 1954 étaient pourtant bien moins contraignants que ce que devront affronter les acteurs qui ont maturé les différentes étapes ayant précédé le congrès de la Soummam.

    3-Légitimité et représentativité des congressistes

    L’une des insinuations les plus répandues par les anti-soummamiens est la qualité des congressistes. Pourtant, la légitimité des responsables des régions qui deviendront les wilayas II, III, IV, V et la zone autonome d’Alger présents à la Soummam étaient incontestable. Zighout sur le Constantinois, Krim pour la Kabylie, Ouamrane dans l’Algérois, Ben M’hidi s’agissant de l’Oranie étaient les cadres qui avaient organisé, dès le début de la guerre, les réseaux militaires et installé les structures de soutien aux maquis. La ville d’Alger était sous la responsabilité de Abane qui avait déjà structuré les étudiants, les travailleurs et les commerçants. La supercherie la plus honteuse proférée par ceux qui travaillent au discrédit de la Soummam fut l’occultation de la présence de la région oranaise.

    3-1 Désinformation stalinienne

    Des lettres avaient été envoyées aux militants de l’ouest pour parer à l’éventualité où Ben M’hidi, qui en était le responsable, serait, pour une raison ou une autre, retenu au Caire. Ce sera, du reste, lui qui installera son successeur en la personne d’Abdelhafidh Boussouf à l’ouest une fois qu’il sera devenu membre du CCE. Une désignation qui ne sera discutée par personne. La mécanique infernale des agents du MALG fera valoir que Ben M’hidi était illégitime pour représenter l’Oranie mais tout à fait qualifié pour désigner à la tête de cette région celui qui deviendra le créateur de leur instance.

    Quand les arguments manquent, les « Malgaches [7]» recourent à la disqualification par la rumeur. Vieilles mœurs staliniennes. Des contacts secrets qui ont avorté entre le FLN et le gouvernement français eurent lieu en juillet 1956 en Yougoslavie. Les représentants algériens devaient être Krim, Zighout et Ben Boulaïd. Sitôt les premiers comptes-rendus reçus, Abane informa la délégation extérieure du Caire. Après son assassinat, des gorges profondes furent chargées de répandre l’idée que celui qui avait conçu et animé la Soummam était en fait un assoiffé de pouvoir qui n’hésitait pas à engager le destin du pays à travers des réseaux douteux qui allaient brader le pays. Ces sources omettaient de dire que les trois délégués pressentis étaient les chefs des régions les plus engagés dans la lutte (Krim, Zighout et Ben Boulaïd). Par la suite, cette initiative fut présentée par Ali Kafi comme une trahison. Un second assassinat sur lequel surferont tant et plus les agents du MALG dont le poison libérera la parole du pire. En novembre 2015, Daho Ould Kablia, responsable de l’association des anciens du MALG, justifie l’assassinat d’Abane dans un entretien accordé au quotidien arabophone Ecchourouk. Cette ignominie contamina un peu plus un monde universitaire déjà gagné par une profonde crise éthique et déontologique. Le 1er janvier 2018, l’historien Mohamed Lamine Belghit, invité au colloque islamiste qui s’était déroulé au centre culturel d’Alger et organisé par des institutions de l’État déclara : « Le congrès de la Soummam a été un putsch de harkis contre les musulmans (…) C’est un putsch contre la génération qui a lancé la révolution avec les valeurs islamiques qui parlaient un bel arabe qui est la langue du Coran. Et je prends toute la responsabilité sur ce que je vais révéler. C’était un putsch dans tous les sens du terme. Un putsch contre les valeurs. Un putsch contre la proclamation du premier novembre 1954. Et c’est là le secret du différend qui opposait les braves et les arrivistes comme je les qualifie dans mes livres. »

    Passons sur les contre-vérités élisant des islamistes formés en arabe au rang d’acteurs qui auraient déclenché la guerre. Les islamistes n’étaient pas seulement absents mais opposés à la lutte armée en 1954. Relevons que cette infamie n’a suscité aucune réaction officielle et que cet imprécateur panarabiste enseignant-chercheur de son état sévit toujours sur les plateaux de télévision. Sans aller jusqu’à ces indignités, d’autres universitaires se posant en hériter de l’éminence nationale s’arrogent le droit de discréditer et même de déshonorer tout intervenant cherchant à réintroduire dans le débat historique la Soummam ou Abane.

    Nous étions profondément révoltés que l’accusation de Kafi ne fut pas dénoncée par l’Organisation nationale des moudjahidines, l’ONM, ni par le ministère des Anciens combattants. Ce fut la veuve du défunt, seule, qui attaqua Kafi en diffamation pour protéger la mémoire du disparu faute d’avoir pu sauvegarder son œuvre. Pendant toute cette procédure, les historiens se tinrent à l’écart des débats. Les mêmes historiens développeront une aménité sans borne quand il fallut blanchir les dérives d’un Messali qui avait constitué des contre-maquis armés par l’État français pour affronter les troupes du FLN[8]. La déchéance qui précéda la folle compromission du vieux leader rencontre toujours une bienveillance qui n’a d’égal que l’acharnement mis à dégrader l’image de l’architecte de la Soummam.

    3-2 Aveuglement et sectarisme

    La partialité des raisonnements utilisés pour remettre en cause la représentativité et la crédibilité de certains dirigeants retenus dans la direction du FLN à la Soummam est l’autre facette de l’opération de démolition systématique de l’œuvre d’Abane et de Ben M’hidi. Ce duo était solidaire mais les attaques cibleront exclusivement le premier. Des intervenants susurrent que les acteurs qu’il a associés sont des marginaux sans envergure ni légitimité choisis dans l’opacité. Un procès d’intention qui ne sera évidemment pas appliqué au groupe des 22 qui se sont cooptés. Pouvait-il en être autrement après le démantèlement en 1950 de l’Organisation spéciale, l’OS, qui agissait dans la clandestinité ?

    L’invitation de centralistes, comme Benyoucef Benkhedda ou Saad Dahlab, d’oulémistes comme Tewfik El Madani, de certains udmistes ou d’autres personnalités apporta au Front des compétences politiques difficilement contestables mais, au-delà de cet aspect, la décision d’ouvrir les rangs de la révolution créa une dynamique d’adhésion irréversible dans la société algérienne ; ce qui fit avorter le redoutable plan de « la troisième voie » que la France ne désespérait pas de pouvoir imposer dans une situation de profond désarroi. La lettre de Abane qui, lui, était dans la fournaise, donne une idée précise des rapports de force en présence. C’est à partir du 20 aout 1956 que le Front devint une entité représentative d’un peuple mobilisé pour un seul et unique objectif : l’indépendance du pays qui sera consacrée par « un État démocratique et social ». La répercussion politique du congrès dans les maquis est résumée par cette phrase de Ali Lounici, officier de la wilaya IV : « Le congrès de la Soummam nous donna ce formidable sentiment que nous avions déjà un État. »

    L’aveuglement poussera les plus cyniques jusqu’à contester le patriotisme de dirigeants comme Benkhedda et Dahlab et célébrer celui… des messalistes ! Un groupe qui se constitue contre la Soummam est nécessairement motivé par de dignes et respectables motivations. Abane travaillant à fédérer des militants issus de diverses sensibilités du Mouvement national est dénoncé comme un despote animé par un césarisme refusant l’existence de partis. Cet appel au rassemblement autour de la citoyenneté et non d’organisations fut aussi adressé aux Juifs et aux Européens d’Algérie désireux de vivre dans une nation souveraine. La Soummam avait posé les fondements de l’État de droit avec le respect des libertés de conscience et d’opinion mais elle n’avait pas décidé les orientations programmatiques qu’il revenait à chacun de défendre devant le peuple et dans le cadre de formations que les uns et les autres auront choisi de créer ou auxquelles ils auront décidé d’adhérer une fois le pays libéré. La clarté de la démarche n’empêchera pas les procès en sorcellerie. Abane qui a appelé au rassemblement de citoyens patriotes pour la libération du pays fut condamné par les agents du MALG, antre et matrice de la pensée linéaire et du pouvoir absolu, ou leurs relais comme étant le responsable de l’avènement du parti unique en Algérie. Un comble. Le principe de ne pas accepter des partis dans une libération nationale impliquant tous les patriotes était déjà arrêté en novembre 1954. Mais on l’a déjà signalé sur d’autres registres, les mêmes règles n’ont jamais la même portée selon qu’on les projette sur la Soummam ou qu’on les applique à d’autres séquences.

    4. Le déroulement des assises

    L’opinion publique retient que le congrès s’est tenu à Ifri où a été érigé le monument commémorant l’événement. Un village situé à quelques encablures de l’une des plus grandes casernes installées par l’armée française dans la vallée de la Soummam. En fait, les congressistes qui furent déplacés pour des raisons de sécurité travaillèrent dans plusieurs villages.

    4-1 Débats vifs

    Rachid Adjaoud qui dactylographiait les résolutions au fur et à mesure de leur adoption dit comment, à plusieurs reprises, un point qui avait été âprement discuté dut être repris et retapé ensuite pour être conforme au compromis dégagé. Et des discussions, il y en eut. Y compris des virulentes. Notamment entre Abane et Zighout lorsque fut abordée l’évaluation des deux années qui suivirent le 1er novembre. Le premier reprocha sèchement au second la stratégie qui avait consisté à lancer ses militants contre des civils européens dont des femmes et des enfants. Le même esclandre avait éclaté à propos de la Nuit rouge de la Soummam. Le ton est alors monté entre le même Abane et Krim qui voulait protéger Amirouche, responsable de la zone où avait été commis le massacre. Les tensions ont également prévalu quand furent abordées les mutilations infligées à ceux qui consommaient du tabac. Ces incidents furent l’occasion de décider l’interdiction des expéditions punitives et des égorgements et l’obligation d’instaurer un tribunal avec un avocat pour le prévenu. Des exemples qui démentent la thèse d’une plate-forme écrite et lue par un Abane autoritaire devant lequel se seraient inclinés les autres participants. Arrivé au maquis juste après la fin de la rencontre, Djoudi Attoumi a récupéré les documents du congrès. Il confirme les dires de Rachid Adjaoud. Des écrits avaient bien été ramenés par l’équipe d’Alger dirigée par Abane mais ils furent discutés un par un. Certains furent plus amendés que d’autres, des opinions et propositions furent intégrées et toutes les décisions furent votées… d’où la durée de la réunion. C’est ce qui se fait dans ce genre de rencontre. Y compris dans les pays dont les traditions démocratiques sont solidement établies.

    4-2 Épouvantail kabyle

    Venons-en maintenant à un autre reproche imputé à la Soummam. Cette problématique, rarement explicitée publiquement, n’en représente pas moins l’un des angles d’attaque les plus pernicieux et les plus dommageables tant il a pesé sur la portée politique et organique du congrès et, par la suite, la construction de l’Algérie indépendante. Le discours du MALG expliquait que sous couvert de vouloir unifier les patriotes, Abane visait, en fait, à constituer un clan kabyle, pour contrôler la Révolution. Restons sur les faits connus de la masse des combattants ou ceux qui sont formellement documentés. Les hommes que Abane a contribué à faire monter dans la hiérarchie du FLN sont Benyoucef Benkhedda et Saad Dahlab. Aucun des deux n’est kabyle. Les rapports entre Krim et Abane étaient, et c’est le moins que l’on puisse en dire, loin d’avoir été dictés par leur appartenance régionale. Abane, et c’est peut-être la seule faute de jugement moral et d’appréciation politique qui marquera un parcours d’exception, aura contribué à faire condamner les berbéristes avec les messalistes. Il savait pourtant que les premiers qui étaient aux avant-postes de la lutte armée avaient simplement demandé l’ouverture d’un débat sur le fonctionnement du parti et l’avenir de la nation algérienne. En revanche, les seconds ont fait le choix de suivre un homme que le pouvoir personnel a conduit à une guerre fratricide dans les rangs du mouvement national. Une tragique concession qui n’aura pas protégé Abane d’une accusation de régionalisme, à l’opposé de ses actes et propos. On relèvera que le trio Boussouf, Bentobbal, Kafi qui ne faisait pas mystère d’une solidarité régionale jamais démentie ne constitua pas un sujet de débat dans les niches du MALG.

    5-Le contenu de la plate-forme de la Soummam

    On a déjà évoqué les principes généraux édictés par la Soummam. Revendiquer l’indépendance du territoire algérien. Déclarer que le régime républicain serait l’alternative à l’ordre colonial pour mettre un terme aux prétentions de certains héritiers d’Abdelkader, qui aspiraient toujours à réhabiliter le khalifat.

    5-1 Principes généraux pollués par la rumeur

    Baliser le périmètre de l’État de droit où le citoyen, indépendamment de son sexe, sa foi et son origine serait acteur et arbitre de la cité algérienne fut un objectif assumé. En ce sens, la mise en échec de la Soummam repose aujourd‘hui encore et avec acuité des questions abordées et résolues il y a 67 ans de cela. Faute de pouvoir attaquer frontalement ces préalables démocratiques, les censeurs du projet soummamien s’adonnent à une exégèse fielleuse. La primauté du politique sur le militaire est vidée de son sens pour servir une polémique de basse substance. Ce principe remarquablement décliné par Reda Malek[9] postulait que l’action militaire devait être mise au service d’une vision politique, une idée qui vaut dans toutes les luttes de libération. Les adversaires de la Soummam dégradèrent la nature générique du concept pour la réduire à une interprétation sommaire et triviale. Ils martelèrent que Abane avait pour objectif de marginaliser les éléments issus de la paysannerie pour les asservir par des petits bourgeois. En la matière, il ne se s’agissait pas d’appréhender la problématique à travers les individus mais de poser des principes. Dans la plate-forme, les termes militaire et politique sont tous les deux au singulier. L’idée est claire : soumettre (à la vision) politique (l’action) militaire et non des hommes à d’autres.

    5-2 Résonnance internationale de la Soummam

    L’apport et l’écho de la plate-forme sur la scène internationale furent rapportés par Ali Haroun[10] lors d’une réunion organisée par le RCD à Aouzellaguene, commune dont relèvent les hameaux qui accueillirent le Congrès :

    « Abane nous avait demandé de traduire la plate-forme dans toutes les langues. Il avait même insisté pour qu’il y ait une version en hébreu. Il faut bien savoir, en effet, que jusqu’à la Soummam, nous étions vus comme des fanatiques religieux manipulés par Nasser. La proclamation du premier novembre qui a eu le mérite de dépasser le blocage du mouvement national est un appel à prendre les armes qui ne précisait pas les outils, les règles et les objectifs ultimes de notre combat. Or, ce sont ces considérations qui déterminent la position des Etats ou des grandes organisations, professionnelles, syndicales, culturelles ou scientifiques susceptibles d’apporter leur soutien à une cause. Eh bien je vais vous dire, jusqu’à aout 1956, nous étions considérés comme des aventuriers, y compris par des personnalités progressistes. La Soummam a donné un sens et une visibilité à notre combat[11]. »

    5-3 Opposition factice Soummam-Novembre

    Pour réduire la portée de la Soummam, la gauche arabe lui oppose la proclamation du 1er novembre qui serait un document élaboré dans des conditions plus consensuelles. Précisons que cette proclamation fut écrite à la Casbah par le journaliste Mohamed Laïchaoui avec Mohamed Boudiaf et Didouche Mourad à ses côtés. Les cadres du FLN ont découvert la teneur de la déclaration une fois celle-ci diffusée. On n’a entendu aucun des dépréciateurs de la Soummam déplorer l’absence de concertation autour d’un document présenté comme l’essence de la nation. Des personnes sans scrupule affichent la traduction en arabe comme la version originale de la proclamation alors qu’elle avait été rédigée en français.

    Considérons maintenant le fond. L’opposition Soummam-Novembre est malsaine. La proclamation du 1er novembre est un appel à la guerre. Comme l’explique Ali Haroun, elle ne donne pas d’indication sur les procédures, les structures ou les doctrines qui doivent guider la lutte ni d’ailleurs sur le cadre national appelé à consacrer le combat. Ce n’était du reste pas le vœu ni l’intention des rédacteurs qui s’étaient donné pour mission d’allumer la mèche de l’insurrection pour sortir d’une situation de blocage politique et de marasme organique. Conférer après coup à cette initiative une signification philosophique, institutionnelle ou civilisationnelle qu’elle n’a pas revient à enfermer l’Algérie dans des interprétations ou même des divinations ou celui qui détient le pouvoir peut faire de la nation l’objet de ses ambitions et désirs. Novembre et la Soummam sont complémentaires. Ils eurent deux fonctions utiles mais différentes. Avant Novembre, il y eut mai 1945 et au XIXème siècle, il y eut des insurrections tout aussi généreuses et résolues. Certaines n’ont pas manqué de panache. Elles ont tourné court parce qu’il n’y eut pas de Soummam pour les féconder. Sans le congrès d’aout 1956, Novembre aurait pu être une autre révolte sans lendemain. La Révolution française n’est pas assimilée à la prise de la Bastille, la révolte du Potemkine n’a pas engendré la révolution bolchévique… Il y a toujours dans l’histoire des peuples un moment qui cristallise des révoltes, des insurrections ou des prises de positions conjoncturelles parce qu’il a pu leur donner sens pertinent, moyens adaptés et objectifs satisfaisants.

    5-4 Soummam : matrice de l’État national

    Parce qu’ils sont connus de tous, nous n’insisterons pas sur les institutions, lois, règlements et découpages territoriaux adoptés à la Soummam. Le Comité de coordination et d’exécution, le CCE[12], le Conseil national de la révolution algérienne, le CNRA, la délimitation des territoires en wilayates, entités qui, en fait, recoupaient les régions naturelles du pays, et leur subdivision en zones et secteurs, les grades et le règlement militaires de l’Armée de libération nationale, l’ALN, furent des outils décidés à la Soummam et qui furent opérationnels de 1956 jusqu’à 1962. Pour des raisons politiquement peu avouables et par des artifices tout aussi alambiqués, ces évidences sont niées. Pour donner consistance à leurs réfutations, des individus recourent souvent à des interprétations tendancieuses des propos de certains dirigeants, dont ceux de Bentobbal.

    Voici ce que l’ancien dirigeant de la wilaya II a dit en 1990 à l’auteur de ces lignes qui le pressait de s’exprimer sur l’affaire Abane et, plus généralement, sur la Soummam :

    « Eh bien, je vais vous répondre. Abane n’était pas facile mais il était au-dessus de nous tous. Sans lui il n’y aurait pas eu la Soummam et sans la Soummam, je vais vous le dire, il n’y aurait pas eu l’indépendance. Nous étions des chefs de bandes. Chacun essayait d’accaparer une zone, une ville pour satisfaire ses besoins. Il y avait de grandes tensions et même des attaques entre nous. L’armée française pouvait nous observer en train de nous entretuer. Voilà la réalité avant la Soummam. Mais après le Caire, il y avait une situation où par ses menaces de rendre publics nos désaccords, Abane pouvait mettre en péril la révolution. Alors nous nous sommes concertés et nous avons pris la décision de le mettre à l’écart. À l’écart mais pas le tuer. Personnellement, j’ai même ajouté à la fin du document et de ma propre main que nous étions bien d’accord pour un isolement et non une élimination physique. J’ai d’ailleurs fait déposer un exemplaire de ce procès-verbal au Musée du Moudjahed. Il faut faire vite si tu veux le consulter… Si ces gens-là ne l’ont pas fait disparaitre. »

    La citation ci-dessus appelle les précisions suivantes :

    1. Ces propos ont été portés à la connaissance de l’opinion avec l’autorisation de leur auteur,
    2. Ils ont été relatés dans différentes conférences publiques organisées de son vivant,
    3. Aucune polémique ou protestation n’est venue les démentir.

    EN GUISE DE CONCLUSION

    La seule contestation politiquement lisible du congrès de la Soummam fut la première. Celle qui vint de Gamal Abdenasser. Son attaque était frontale et cohérente. Elle interdisait aux congressistes du FLN le droit de se donner une autonomie stratégique avec tout ce que cela impliquait comme conséquences politique, culturelle, institutionnelle et géopolitique dans l’Algérie indépendante. Pour le leader égyptien, le pays avait vocation à être une province de la nation arabe dont le Caire devait être l’épicentre. Tout ce qui contrariait ce dessein devait, d’une manière ou d’une autre, être neutralisé. Il n’est pas déraisonnable de dire que la mort symbolique d’Abane était inscrite dans l’énoncé de cette décision, ce qui ne veut pas dire que nous devons évacuer de nos investigations les responsabilités internes aux FLN qui ont conduit à son assassinat.

    On peut discuter de la légitimité de cet impérium mais il est difficile d’en contester la cohérence. Ben Bella qui se rangea derrière Nasser fait aussi partie de ceux dont le rejet du projet adopté à la Soummam peut être compris même quand on n’en admet pas le bien-fondé. Ce ne sont pas ces deux oppositions qui ont pollué la discussion sur la Soummam, piégeant du même coup l’Algérie d’après-guerre. Directes et structurées, elles pouvaient être combattues par d’autres arguments que feraient valoir les tenants d’une Algérie assumant son histoire et sa pluralité et immergée dans une matrice nord-africaine démocratique.

    Ce qui brouilla et parasita le débat, ce furent les variantes nées de la condamnation égyptienne. La meule que fit rouler le MALG sur Abane et la Soummam à coup de slogans, anathèmes et désinformations, créèrent un climat d’autant plus irrespirable qu’il était impossible d’identifier les auteurs d’une campagne sournoise et permanente. La défaite du MALG en 1962 au profit de l’armée des frontières de Boumediene n’élimina pas les méfaits de la propagande anti-soummamienne dans la mesure où ce dernier, adepte de l’autoritarisme politique, en partageait également les objectifs. Un autre facteur vint donner prise à la géhenne qui animaient les ennemis d’Abane : la contamination de secteurs non négligeables du monde universitaire qui reproduisirent les méthodes malgaches quitte à occulter des évènements historiquement vérifiés, quitte à spéculer sur ce qu’aurait exprimé ou pensé un disparu sur un point indéfendable mais où il faut emporter l’adhésion, quitte à inventer d’autres faits. Si les tenants du panarabisme et de l’islamisme comme du despotisme ont des raisons objectives de s’opposer au projet de la Soummam – qui est une projection politique et sociétale contraire à leurs idées – les universitaires qui revendiquent la rationalité et la rigueur académique devraient renoncer à la sous-traitance de falsifications historiques qui aggravent le discrédit qui frappe les élites sans pour autant parvenir à anesthésier durablement l’ensemble de la population. En pleine insurrection citoyenne, le vendredi 27 décembre 2019, date anniversaire de l’assassinat d’Abane, des milliers de jeunes et de moins jeunes défilèrent dans les rues de la capitale avec les portraits de l’architecte de la Soummam. Quelques jours auparavant, on put voir parmi les manifestants une vieille dame, les chevaux blanchis par les épreuves de la vie, qui avançait parmi les manifestants. Elle portait une pancarte où on pouvait lire : « Retour à la Soummam ». Elle s’appelle Drifa Hassani Ben M’hidi. C’est la sœur de l’illustre président du Congrès. Cette image interpelle, car oui, la Soummam peut apporter aujourd’hui encore.

    Si elle veut survivre et si elle doit se démocratiser, l’Algérie ne peut faire l’économie d’un débat loyal et ouvert sur le congrès de la Soummam et sur les raisons directes et indirectes de l’assassinat de son concepteur. Il ne s’agit pas de sacrifier aux émotions nostalgiques mais de répondre à des paradigmes politiques et moraux qui ont conditionné l’émergence de toutes les nations démocratiques. Refouler les appels de l’histoire ou, pire, en frelater les significations, a toujours conduit les peuples aux plus effroyables régressions. L’Algérie n’a que trop expérimenté cette funeste démarche. On peut ne pas être d’accord sur les fondamentaux qui doivent porter la nation, on peut s’opposer sur les objectifs qui assurent l’émancipation citoyenne. Assumons ces divergences et tirons-en les conséquences. En adultes responsables de ce qu’impliquent leurs convictions. Mais nul n’a le droit de mutiler ou de souiller l’histoire pour fragiliser la position de son adversaire parce qu’il a été incapable de convaincre par son offre politique. Nul n’est arbitre ou légitime par principe. Ces manœuvres ont déjà trop coûté au pays. Seul le débat peut aider à sortir de l’impasse qui dure depuis le premier jour d’une indépendance qui n’a pas apporté la liberté, la justice et le progrès aux Algériens parce qu’en leur nom, des dirigeants addicts d’un pouvoir immérité ont enterré la Soummam.


    [1] En janvier 2020, Rabah Drif, Directeur de la culture de la wilaya de Msila qualifia Abane de traitre. L’offense fit scandale. Au bout de quelques jours, le fonctionnaire fut licencié et mit sous mandat de dépôt.

    [2] Rachid Adjaoud, Le Dernier témoin, Éditions Casbah, Alger, 2012.

    [3] Mabrouk Belhocine Le Courrier Alger- Le Caire, 1954-1956 ) : le congrès de la Soummam dans la révolution. Éditions Casbah, Alger, 2000.

    [4] Dans un premier temps, la rencontre devait se tenir dans le Nord-constantinois, région dirigée par Zighout. Par la suite, la Qalaa des Beni Abbas, située sur la rive droite de la Soummam, où est enterré El Mokrani, fut retenue. L’encadrement politique et militaire de cette zone, alors sous la responsabilité du capitaine Amirouche et la situation centrale du lieu, qui le mettait à des distances raisonnables pour toutes les délégations, furent, entre autres, des éléments qui présidèrent au choix de cette région. Un incident rocambolesque vint annihiler cette option. La mule qui transportait les fonds et les documents du FLN rua vers une ferme où elle avait longtemps servi et qui était devenue une caserne de l’armée française. Un imprévu qui obligea les organisateurs à changer de site pour s’établir à Ifri sur la rive gauche de la rivière…

    [5] Voir Mohamed Harbi, FLN Mirage et réalité, Éditions Jeune Afrique, 1985, et la déclaration faite à la radio de Hocine Ait Ahmed ; Dailymotion https/www.dailymotion.com/video/x6u3rrq .

    [6] Fathi Dib Abdel Nasser et la révolution algérienne, Éditions L’Harmattan, 1985

    [7] Malgaches, terme par lequel les cadres du FLN non enrôlés dans le MALG désignaient les éléments de cette institution.

    [8] En France, Ali Haroun rapporte que les commandos de Messali appuyés par la police française avaient fait des milliers de victimes parmi les membres de la Fédération de France du FLN qui finit par réagir par des expéditions punitives. À ce jour, les anti-soummamiens présentent les messalistes comme d’innocentes victimes du FLN.

    [9] Reda Malek, Guerre de libération et révolution démocratique, Casbah éditions, Alger, 2010

    [10] Chargé de la communication à la Fédération de France du FLN.

    [11] Conférence donnée par Ali Haroun dans la salle du CEM d’Aouzellaguene en aout 1998 à l’occasion d’un séminaire organisé par le RCD pour commémorer le 42éme anniversaire du Congrès de la Soummam.

    [12] Le CCE sera remplacé en septembre 1958 par le Gouvernement provisoire de la république algérienne, GPRA.

  4. arrestation en grece de 79pyromanes

    Greece wildfires: 79 people arrested for arson

    • Published
      13 hours ago
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    residents check the rooms of a destroyed house after wildfires engulfed the area of AcharnesIMAGE SOURCE,GETTY IMAGES Image caption,

    Residents check the rooms of a destroyed house in Acharnes, north of Athens
    By Andre Rhoden-Paul
    BBC News
     

    Greece has called out "arsonist scum" after police made 79 arson arrests over wildfires ravaging the country.

    Civil Protection Minister Vassilis Kikilias said there had been several attempts by arsonists to start new fires on Mount Parnitha, north-west of Athens.

    The blaze is one of hundreds in the nation where wildfires have already killed at least 20 people this week.

    "You are committing a crime against the country," Mr Kikilias said.

    "Arsonist scum are setting fires that threaten forests, property and, most of all, human lives," Mr Kikilias told Greeks during a televised emergency briefing on Thursday.

    "You will not get away with it, we will find you, you will be held accountable."

     

    Summer wildfires are common in Greece and scientists have linked the increasing frequency and intensity of extreme weather events, including heatwaves, to climate change.

    Stefan Doerr, who directs the Centre for Wildfire Research at Swansea University, says that more flammable landscapes - due to hot weather or poor vegetation management - mean that arson and other incidents can more easily turn into fast-moving wildfires.

    Police and Greek intelligence service EYP are investigating the incidents, AFP reported.

    Government spokesperson Pavlos Marinakis told Greek public broadcaster ERT that of 140 wildfire-related arrests, 79 were related to arson.

    Hundreds of firefighters across Greece have been battling deadly wildfires.

    The large fire front which erupted on Saturday near the port city of Alexandroupolis has become the EU's largest on record, according to European commissioner Janez Lenarcic.

     

    Meanwhile, on Mount Parnitha near Athens, fires have been raging in a forest adjoining the capital, threatening a national park.

    Earlier this week, the bodies of 19 people believed to be migrants, with children among them, were found near the Evros region of north-eastern Greece.

    A shepherd also lost his life in the fires in the Boeotia region on Monday.

     

    A plane drops water over wildfires spreading in Dadia forest, one of the most important areas in Europe for birds of preyIMAGE SOURCE,GETTY IMAGES Image caption,

    A plane drops water over wildfires spreading in Dadia forest, one of the most important areas in Europe for birds of prey

    Mr Kikilias said on Wednesday the country was going through the worst summer since fire-risk maps were introduced in 2009.

    Just last month, thousands of people were forced to flee fires on the Greek island of Rhodes after wildfires broke out there and in other parts of the country.

  5.  

    Je suis l’homme de la draisine, un roman qui fait revivre la tragédie de cette génération algérienne engagée dans une guerre vouée à l’échec.

     

     

    François Bogliolo
    Je suis l’homme de la draisine
    Éditions Domens, Pézenas
    Mars 2023
    165 pages
    19 euros

     

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    … de Dieu ! Le massacre du 16 avril 58 sur les hauts plateaux, qui donc l’a commis ? Vous aussi, vous voulez savoir ! Faire la lumière sur cette histoire de train, de draisine, d’une centaine de morts.

    Une hécatombe donc parmi les habitants du djebel. Tout l’art de ce roman qui rejoint les meilleures fictions qu’ait inspirées le sort des mobilisés de la guerre d’Algérie, tel Des Hommes, de Laurent Mauvignier1, tient à ce que, dès ses premiers mots, le narrateur y livre l’essentiel du drame destructeur dont le « je » du titre annonçait déjà qu’il en fut tenu pour seul coupable. Et l’on en sait à peu près tout lorsqu’il ajoute : « Le récit ? Oh, je vais parler du carnage vu autour de moi, train, draisine, gourbis, lorsque j’ai pu, bien après les explosions, faire un pas. »

    ROMPRE PLUS D’UN DEMI-SIÈCLE DE SILENCE

    Dès lors, « quelle importance l’exactitude toponymique ? Car entre “Villerose” et “Terre-Noyée” », point n’est besoin que les noms soient de consonance maghrébine pour que l’on sache bien de quel effroyable conflit il est ici question, où l’on « sème la mort à tout vent » pour tenter de « rétablir notre bordel ». « Toute la vie, ajoute celui qui parle ici, on m’a dit que ça servait à rien de raconter un événement somme toute banal, d’une lutte qui… Alors je l’ai bouclée ». Aussi, à rompre enfin plus d’un demi-siècle de silence, « ça fait bizarre, observe-t-il, de sentir ses souvenirs revenir par wagons entiers. Du vrac quoi », où il n’y a guère lieu de s’étonner que « le temps du souvenir se mêle à celui de l’oubli ». Alors, non, ne croyez pas, proteste le narrateur, « que par pur plaisir je rallonge ma mise au point » : tant de détours se pressent en effet dans la parole, sur ce qui conduisait aveuglément à l’hécatombe finale ou sur ce qui l’a suivie, que sa relation sans cesse différée n’apporte en dernier lieu rien de plus à ce qu’on en avait pressenti de pire. Ainsi que l’a dit Pierre-Louis Rey, le « formidable exercice d’écriture » de Bogliolo aura donc été de traduire par quels allers et retours frénétiques du discours « l’épisode tragique, au lieu d’être raconté, traverse tout le récit comme une onde de choc ».

    De celui qui, sans donner son nom, poursuit ce long monologue, on saura seulement qu’il est né « sous le même ciel que Saint-Augustin », qu’il n’a pas connu son père, tué à Monte Cassino, qu’il a d’abord été apprenti dans un garage. C’est depuis cet « hosto » où un tribunal militaire a préféré l’enfermer à vie « avec les mabouls comme on dit » qu’il se confie enfin à un interlocuteur venu l’interroger, soixante ans après les faits. À l’entendre, cette « histoire à devenir zinzin » est toute partie de ce mauvais « instinct maternel [...] qui des fois s’égare et aboutit au casse-pipe ». Celui d’une « veuve de guerre » qui encourage son fils à devancer l’appel et lui dit : « Choisis le train, tu n’auras pas à crapahuter dans les djebels avec ton barda sur le dos ». Et lui qui, découvrant que le « job » c’était « transport de civils et de militaires sur la voie métrique et unique » pour « amener les compagnies d’un campement à l’autre », au lieu de « s’attendre au pire », ne s’est pris que du fou désir de former bientôt avec sa « draisine imaginée » « un seul corps, enserrés l’un dans l’autre »...

    « MOI J’AI TIRÉ, J’AI TUÉ »

    Mais — « ce putain de Mais, ce Mais des questions sans réponse », il apprendra qu’« un jour sur deux, ça pète ou ça déraille » et que « dix-sept draisines avaient sauté depuis le début, à la fête des Morts. Cela s’appelle mourir pour les autres ». « Histoire sans commencement ni fin » où, son tour venu, « les choses ne se passèrent pas comme prévu », et même ont « tourné, simplifions : à la cata ». Après des mois passés à « patrouiller le long des voies pour empêcher les dinamiteros de faire tranquilou leur boulot », à « transbahuter » avec des mulets « cinq tonnes d’équipement », ou dans un atelier de « rafistolage post-sabotage », l’engagé volontaire est « enfin » affecté, avec six de ses camarades, comme chouf (guetteur) d’un convoi. C’est là que « le carrosse devint citrouille » : une mine fait dérailler le wagon de passagers, une autre, sauter la draisine dont les occupants sont pris sous des tirs « comme à la fête foraine »… Et celui qui, seul, reste « piégé au milieu du merdier, le bruit des balles sur le blindage, les potes en train de refroidir, les passagers en morceaux », avec Pierrot, son ami instituteur, « mort, ses yeux écarquillés », ne le nie pas : « Personne d’autre. Moi, j’ai tiré, j’ai tué […] Une demi-heure, deux heures […] j’ai arrosé tel un somnambule (…] à envoyer des giclées dans tous les sens, sans ligne de mire ».

     

     

    « Rien d’autre. Survivre », « Je tire pas, on me tue ; je tire, je tue. », expliquera-t-il tout au plus, lui pour qui « la vie n’avait qu’une seule voie : “ma” draisine, je devais la faire rouler ». Mais « certains te regardent de travers quand t’as exécuté le boulot », doit-il constater. Après « leurs cocoricos sur notre rassurante puissance de feu », les journaux « l’épinglèrent » : « Des faits accablants qu’il faut dévoiler, photo à l’appui, témoin qui raconte. » La hiérarchie s’en lave les mains en le condamnant pour « ouverture du feu sans ordres reçus ! » Et jusqu’à sa propre mère, « femme de devoir, cœur de marbre », qui, dit-il, « n’a plus voulu me voir après tout le boxon qui s’ensuivit. »

    « Solitude sans issue » où s’engloutit tout le reste d’une vie et dont, à quatre-vingts ans passés, l’ancien engagé observe : « Je vis ici en retraité. Exilé – perpétuel », confessant sobrement à propos de la journée du désastre : « Je l’admets, pourquoi les buter tous ? » « Disons qu’aujourd’hui je le regrette. » Mais c’est sans rien céder de la rage qui, comme une grenade toujours dégoupillée, renvoie férocement dos à dos lâches envolées patriotardes des gradés d’alors et vaines injonctions des médecins ou infirmières à « se détacher » de sa sinistre affaire, « ces salopards de lanceurs de grenades sur les magasins » et « ces mille braillards qui aimaient accueillir les grosses légumes à la tomate », les Européens « zigouillés comme des lapins à Wahran » ou les martyrs algériens d’hier, attendant toujours leur dû dans « ce pays là-bas si grand, si riche, pour qui ? ».

    UN COMBAT AUSSI MEURTRIER QUE VOUÉ À L’ÉCHEC

    Le rythme effréné selon lequel le narrateur, à l’instar de son véhicule de mort, continue, « la sulfateuse en rafales », à dézinguer ceux qui l’ont « foutu là-dedans » fait si bien partager au lecteur l’horreur de son « gâchis » individuel, qu’il faut achever le récit pour que s’impose la force de la métaphore ici offerte de l’insoutenable entreprise dont celui-ci ne fut en effet qu’un épisode « somme toute banal » : « Le rythme de la draisine, me confirme l’auteur, aide à créer l’enchaînement, quelque peu absurde et fatal de toute guerre », et de celle-là en particulier. Comme si le véhicule surarmé avec sa « tourelle semi-aveugle » qui fonce, sans plus même pouvoir faire marche arrière, « la ligne métrique, unique, sans voix de secours ni à droite ni à gauche, qu’il suffisait de suivre pour le voir le terminus », en étaient la plus juste image : un État forcené engageant, aux cris de « Patrie, Empire, Liberté », toute une jeunesse dans un combat aussi monstrueusement meurtrier que voué à l’échec, pour ensuite la laisser à sa seule mauvaise conscience de dindon de la farce.

    On verrait alors celle qui, après avoir poussé « son poussin chéri » vers ce qu’elle croyait lui « éviter les ampoules aux pieds », l’aura plaqué face à l’irréparable, comme figure de cette ingrate et irresponsable mère patrie, évoquée dès les premières lignes du récit, au nom de laquelle d’aucuns faisaient la morale en entonnant « Le Chant du départ » pour que d’autres qu’eux-mêmes laissent leur peau « en accomplissant leur devoir ».

    Encore fallait-il, ajoute l’auteur, trouver à exprimer jusque dans la langue tout ce que cette histoire d’Algérie emporte « de morts et de disparitions — d’individus, d’un lieu, d’une époque... ». Et inventer donc une voix qui exprime le désastre d’un être qui s’y est fracassé, sans céder ni au faux parler « peuple », ni à l’idéologisme des bons sentiments ou du seul ressentiment. Dans une oralité qui, bannissant toute essentialisation, n’est de bout en bout qu’interpellation et ironie dévastatrice, Bogliolo le fait si bien dans ce premier roman publié, et d’une manière si éloignée de l’écriture raffinée qu’on lui connaît comme bibliographe et érudit, qu’il n’est pas à exclure qu’il se soit soumis à cet effet à quelque secret oulipien de l’écriture, à quelque autre « disparition » à la Georges Perec, qu’il nous dévoilera peut-être un jour.

     

     

    Pour l’heure, en un temps où, ainsi qu’en témoigne la sidérante enquête menée par Raphaëlle Branche2, les survivants de cette « génération algérienne » ne sortent souvent qu’à peine de décennies de silence, cette fiction sans tabous sait en dire autant que bien des témoignages vécus.

  6. l hetiopie est devenue  la chine son usine de la route de la soie d ou l egypte dans le cartel...

    les egyptiens seront indemnises du barrage.. il restera au soudan du sud de comprendre son interet

     

    bon nous 

    il faut eleminer arcelor mittall physiquement

    c lui qui fait chier et pas modi

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  7.   Après les réactions à chaud, voici quelques observations à froid sur la nouvelle qui a fait des vagues hier soir. Tout d'abord, il faut rappeler que Prigojin n'était pas un expert militaire, un commandant d'armée ayant reçu une formation académique. C'était un homme d'affaires doté d'un certain charisme, à qui l'on a confié la tâche de diriger une armée privée sur le modèle de celles qui existent en Occident. Les principaux atouts de Prigozhin résidaient moins dans la stratégie sur le champ de bataille que dans ses compétences en matière de relations publiques et de communication, tant avec le public russe et occidental qu'avec ses soldats sous contrat. Bien que cela semble facile à première vue, dans des conditions de combat en première ligne, il faut des compétences particulières pour maintenir dans le droit chemin des dizaines de milliers de combattants, dont certains viennent de prisons. Ses brillants succès sur le front dans le sud et l'est de l'Ukraine ont valu à Prigojin l'aura d'un héros national. À juste titre, même si, comme je l'ai dit, les stratégies militaires n'étaient pas les siennes. J'ai expliqué dans un autre article pourquoi je pense que le soi-disant coup d'État de Prigojin, qui n'a duré que quelques heures, n'était qu'un scénario bien ficelé en collaboration avec le #Kremlin pour dénoncer les généraux traîtres. La courte pièce a atteint son objectif, selon les rapports en provenance de #Moscou. Par la suite, Prigozhin a joué le rôle du dissident reclus au Belarus pendant un certain temps, avant de réapparaître en force aux réceptions du Kremlin. Son dernier message, envoyé de quelque part en Afrique, montre les intentions claires du groupe Wagner, en pleine coordination avec l'armée dirigée par Shoïgu. Dans ces conditions, les tentatives désespérées des médias occidentaux de faire porter l’assassinat sur les épaules de #Poutine semblent ridicules. Le suspect du service aurait eu des centaines d’autres méthodes pour se débarrasser d’un éventuel traître. Et aucune raison. Même si, à première vue, la disparition de Prigojine pourrait confirmer la « main de fer » de Poutine, elle représente en réalité un coup dur pour l'image du Kremlin. Les services de sécurité ukrainiens, probablement en collaboration avec les services occidentaux, ont réussi à poser une bombe dans cet avion. Ils ont réussi à prouver que personne ne peut être en sécurité sur le territoire russe. Hier soir, le tintement des bouteilles de champagne venant de #Kiev, de Washington et de Londres s'est fait entendre jusqu'à la Place Rouge. Le directeur de la #CIA, William Burns, a « prédit » il y a un mois que Poutine voudrait se venger de Prigojine. Joe #Biden aussi (« Si j'étais Prigozhin, je ferais attention à ce que je mange. Je garderais un œil sur mon menu » – juillet 2023). Christopher Steele, un ancien officier des services de renseignement britanniques (MI6), affirme avoir appris il y a quelques semaines que la liquidation de Prigojine était voulue, non pas par #Poutine, mais par "un membre de l'élite russe". Et la réaction après l'événement de Kirilo Budanov, le chef des services de renseignement ukrainiens, parle d'elle-même. L'attaque semble être extrêmement dure pour les Russes, d'autant plus qu'au moins deux commandants militaires du groupe Wagner sont morts avec Prigojine. Si jusqu’à présent Moscou a évité des frappes ciblées contre certains dirigeants, la situation pourrait changer radicalement. Aucun Occidental ne sera en sécurité en Ukraine (et peut-être même en dehors). Et en fonction des futures victimes, on pourrait savoir qui et avec l'aide de qui a mis les explosifs dans l'avion de Prigojin. Toutefois, la guerre est loin d’être terminée dans un avenir proche.
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  8. Un ivrogne arrive devant le palais présidentiel et gare sa bicyclette. Un policier lui dit : vous ne pouvez pas laisser votre vélo ici, vous êtes devant le palais présidentiel où passent le président, les ministres, les députés, d'autres autorités… L'ivrogne le regarda et dit : Ne t'inquiète pas, je vais mettre un cadenas !

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  9. DONC FAUT PAS CRITIQUER  LA GESTION DE LA LUTTE INCENDIE EN ALGERIE NOUS SOMMES A PEINE SORTI DU TIERS MONDE..MAIS TOUTE CRITIQUE EST BONNE A PRENDRE SANS VERSER DANS LE DEMAGOGISME

    QUAND TOUT NOS BERLIEV SERONT RECEPTIONNES NOUS ALLONS FRANCHIR UNR ETAPE DANS LA LUTTE ANTI INCENDIE ET CE SERONS NOUS QUI ALLONS LE FEUX EN ITALIE GRECE ET POUR FRANCE 24

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  10. DERNIER BILAN AUX USA + DE 110 MORTS PAR LE FEUX

    AU CANADA L I A ESTIME QU IL Y AURA 500 MORTS AU MOINS

    Mégafeux au Canada : les habitants de la plus grande ville du nord du pays appelés à évacuer

    La population de Yellowknife, principale ville du Nord canadien, a été appelée à quitter les lieux avant le week-end en raison de la rapide progression des « méga feux » de forêt qui ravagent le pays depuis le début de l’été.

     
    Des résidents de Yellowknife quittent la ville sur la seule route qui entre ou sort de la communauté en raison de la proximité d’un feu de forêt dans les Territoires du Nord-Ouest, au Canada, le 16 août 2023. | PAT KANE / REUTERS Voir en plein écran
    Ouest-Franceavec AFP.Modifié le 17/08/2023 à 07h18Publié le 17/08/2023 à 06h26
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    Les habitants de Yellowknife ont reçu mercredi 16 août 2023 au soir l’ordre d’évacuer d’ici le week-end la principale ville du Grand Nord canadien en raison de l’avancée rapide des feux de forêt, ont indiqué les autorités locales.

     

    « Malheureusement, la situation des feux de forêt tourne au pire avec un brasier à l’ouest de Yellowknife qui représente une véritable menace », a déclaré Shane Thompson, ministre de l’Environnement des Territoires du Nord-Ouest en ordonnant l’évacuation d’ici vendredi à la mi-journée des 20 000 résidents de cette ville.

     

     

    Déjà 168 000 évacuations

    Près de 168 000 personnes ont dû être évacuées au Canada depuis le début d’une saison des feux qui bat tous les records et accable ces jours-ci les Territoires du Nord-Ouest, région nordique deux fois plus grande que la France métropolitaine qui compte actuellement 230 feux actifs.

    Séparés de plusieurs centaines de kilomètres les uns des autres, ces villages sont « particulièrement difficiles » à évacuer par voie terrestre, expliquait plus tôt cette semaine Mike Westwick, du service des feux territorial, précisant qu’un contingent de l’armée canadienne était déployé pour faciliter des évacuations aériennes.

     

    Face à l’avancée des feux, le ministre local de l’Environnement a demandé mercredi soir à la population de quitter Yellowknife par les airs ou la route.

    « La ville ne fait pas face à un danger immédiat […] mais sans pluie il se peut que le brasier frappe les environs de la ville ce week-end », a déclaré M. Thompson lors d’une conférence de presse. « Si vous restez jusqu’au week-end vous risquez de vous mettre en danger et de mettre en danger les autres ».

    L’armée en renfort

    Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a indiqué mercredi que les forces armées étaient toujours déployées pour porter assistance à la population des Territoires du Nord-Ouest. « Nous allons continuer de vous fournir les ressources nécessaires » et « apporter toute l’aide possible », a-t-il écrit sur le réseau X (Ex-Twitter).

     

    Habitant une municipalité de quelque 2 250 personnes actuellement sous ordre d’évacuation, Jordan Evoy, 28 ans, espérait quitter son domicile en voiture pour se réfugier en Alberta, province mitoyenne, mais un important feu de forêt l’a obligé lundi à rebrousser chemin et fuir par avion militaire.

    « Je ne pouvais rien voir devant moi […] Il n’y avait plus de réseau, donc aucun moyen de savoir où j’étais, c’était encore plus angoissant », explique-t-il.

    Environnement : faut-il mettre en place un "ISF vert" ?

    Jordan Evoy craignait que les pneus de son camion ne « fondent » sous la chaleur. « L’autoroute était engloutie par les flammes, c’était le moment le plus effrayant de ma vie ».

    Dôme de chaleur

    La province voisine de la Colombie-Britannique, elle aussi durement frappée par les feux de forêt, a enregistré un mercure au-dessus de la barre des 40 degrés Celsius, une première cette année au Canada, a indiqué mardi le ministère de l’Environnement.

    La ville de Lytton a vu la température atteindre lundi 41,4 degrés, deux ans après avoir été ravagée par les flammes dans les jours qui avaient suivi un « dôme de chaleur » inédit avec un record historique de 49,6 degrés pour le pays.

    Le Canada, qui de par sa situation géographique se réchauffe plus vite que le reste de la planète, est confronté ces dernières années à des événements météorologiques extrêmes dont l’intensité et la fréquence sont accrues par le réchauffement climatique.

  11. Une belle surprise pour le Made in Algeria : boom des vins algériens en Italie

    août 9, 2023 - 6:42Rédaction 3 Commentaires
     
     
    vins algériens Italie
    Les vins algériens ont la cote en Italie. D. R.

    De Rome, Mourad Rouighi – Cette fin d’été, entre canicule et record de touristes en Italie, offre une belle surprise pour le «Made in Algeria». L’institution spécialisée Nomisma Wine a, en effet, acté le boom des vins algériens dans la Péninsule et classe désormais nos crus parmi les «étoiles montantes».

     

    Cette percée que l’on doit à un effort pré-Covid consenti par la représentation algérienne, qui, en étroite coordination avec le ministère de l’Agriculture et l’ONCV, a organisé nombre de dégustations à la chancellerie, en conviant les plus grands experts d’œnologie et en illustrant la richesse de nos produits et les traits caractéristiques de nos cépages.

    Et la star de nos crus, ces dernières années, est sans doute la Cuvée de Tlemcen Cinsault, servie avec les meilleures étiquettes italiennes, fruit d’une coopération à quatre, entre la France, l’Italie, l’Afrique du Sud et l’Algérie, qui fait l’unanimité chez les professionnels du secteur et qui reflète bien les spécificités du terroir national.

    Et boosté par ses succès, le résultat est là et bien là et nos vins se vendent très bien en Italie, aux côtés d’autres vins extra-européens et notamment ceux du Liban, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, du Chili et d’Afrique du Sud.

    Ces pays ont su mettre à profit les règles du commerce international pour obtenir que l’on abatte toutes les restrictions douanières qui freinent l’accès de leurs produits jusqu’en 2014, date à laquelle l’UE a dû cesser son subtil protectionnisme.

    «Unique bémol, nous dit un expert, nous sommes obligés d’aller en France pour acquérir vos meilleurs crus, tandis que logique voudrait qu’on crée avec votre pays des filières commerciales pour importer directement vos vins d’Algérie.»

    «Cela permettrait, ajoute-t-il, de fidéliser nos clientèles à vos vins et de consentir à votre pays d’augmenter la production, à travers des projets ciblant non seulement l’Europe, mais aussi les nouvelles frontières du marché viticole mondial, Chine, Japon et Corée du Sud.»

    D’autant que ces marchés, et en premier lieu la Chine, ont enregistré depuis 2014 des taux de croissance de +114%, ce qui devrait garantir des débouchés certains pour les vins algériens, connaissant les relations privilégiées de notre pays avec Pékin.

    Et l’Algérie pourra continuer à diversifier son économie, à anticiper l’embellie de son offre touristique et à cibler ses exportations de sorte à mieux se positionner dans des secteurs où tout la prédispose pour briller.

    M. R.

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  12.  

    Les incendies à Hawaï ont fait au moins 36 morts, la ville de Lahaina en grande partie détruite

    Les feux ont été alimentés par de forts vents, exacerbés par l’ouragan Dora. Certaines personnes ont été obligées de se jeter dans l’océan Pacifique pour échapper à la fumée et aux incendies.

    Le Monde avec AP, AFP et Reuters

    Publié aujourd’hui à 10h52, modifié à 12h19

     

    Les violents incendies qui ravagent l’archipel américain d’Hawaï, ont fait au moins 36 morts, selon un nouveau bilan communiqué mercredi 9 août par les autorités du comté de Maui, l’île principalement touchée. Le précédent bilan faisait état de six morts. Des dizaines de personnes ont par ailleurs été blessées, selon les autorités.

    Les feux ont été alimentés par de forts vents exacerbés par l’ouragan Dora. Une grande partie de la ville touristique de Lahaina, 12 000 habitants, « a été détruite et des centaines de familles locales ont été déplacées », a déclaré le gouverneur d’Hawaï, Josh Green, dans un communiqué. La partie occidentale de l’île, où se situe Lahaina, était quasi encerclée par les incendies, une seule autoroute étant encore praticable.

     

    Plus de 800 hectares ont brûlé, selon l’agence de gestion des urgences d’Hawaï. « Des vents forts et en rafales ainsi que des conditions de sécheresse ont placé la majeure partie d’Hawaï sous une alerte rouge qui a pris fin mercredi soir, et de nouveaux feux sévissent sur la grande île et sur Maui », a-t-elle ajouté.

    11 000 touristes évacués

    Plus tôt, le président des Etats-Unis, Joe Biden, avait annoncé la mobilisation de tous les moyens fédéraux disponibles sur l’archipel. Il a également précisé que le ministère des transports travaillait de concert avec les compagnies aériennes pour évacuer les touristes de l’île de Maui, la plus touchée.

    Plus de 11 000 touristes ont été évacués de Maui, a déclaré Ed Sniffen, du département des transports d’Hawaï. Seize routes ont été fermées, mais l’aéroport de Maui restait ouvert et les compagnies aériennes ont baissé leurs tarifs afin de permettre les évacuations, a-t-il ajouté.

     

    Certaines personnes ont été obligées de se jeter dans l’océan Pacifique pour échapper à la fumée et aux incendies, obligeant les garde-côtes américains à organiser des opérations de secours, selon un communiqué diffusé par le comté de Maui.

    Le Monde avec AP, AFP et Reuters


  13.  

    Les incendies à Hawaï ont fait au moins 36 morts, la ville de Lahaina en grande partie détruite

    Les feux ont été alimentés par de forts vents, exacerbés par l’ouragan Dora. Certaines personnes ont été obligées de se jeter dans l’océan Pacifique pour échapper à la fumée et aux incendies.

    Le Monde avec AP, AFP et Reuters

    Publié aujourd’hui à 10h52, modifié à 12h19

     

    Les violents incendies qui ravagent l’archipel américain d’Hawaï, ont fait au moins 36 morts, selon un nouveau bilan communiqué mercredi 9 août par les autorités du comté de Maui, l’île principalement touchée. Le précédent bilan faisait état de six morts. Des dizaines de personnes ont par ailleurs été blessées, selon les autorités.

    Les feux ont été alimentés par de forts vents exacerbés par l’ouragan Dora. Une grande partie de la ville touristique de Lahaina, 12 000 habitants, « a été détruite et des centaines de familles locales ont été déplacées », a déclaré le gouverneur d’Hawaï, Josh Green, dans un communiqué. La partie occidentale de l’île, où se situe Lahaina, était quasi encerclée par les incendies, une seule autoroute étant encore praticable.

     

    Plus de 800 hectares ont brûlé, selon l’agence de gestion des urgences d’Hawaï. « Des vents forts et en rafales ainsi que des conditions de sécheresse ont placé la majeure partie d’Hawaï sous une alerte rouge qui a pris fin mercredi soir, et de nouveaux feux sévissent sur la grande île et sur Maui », a-t-elle ajouté.

    11 000 touristes évacués

    Plus tôt, le président des Etats-Unis, Joe Biden, avait annoncé la mobilisation de tous les moyens fédéraux disponibles sur l’archipel. Il a également précisé que le ministère des transports travaillait de concert avec les compagnies aériennes pour évacuer les touristes de l’île de Maui, la plus touchée.

    Plus de 11 000 touristes ont été évacués de Maui, a déclaré Ed Sniffen, du département des transports d’Hawaï. Seize routes ont été fermées, mais l’aéroport de Maui restait ouvert et les compagnies aériennes ont baissé leurs tarifs afin de permettre les évacuations, a-t-il ajouté.

     

    Certaines personnes ont été obligées de se jeter dans l’océan Pacifique pour échapper à la fumée et aux incendies, obligeant les garde-côtes américains à organiser des opérations de secours, selon un communiqué diffusé par le comté de Maui.

    Le Monde avec AP, AFP et Reuters

  14. Gaz : l’Algérie en tête des fournisseurs de l’Espagne jusqu’en juillet 2023

     
     
     
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    Selon les données du dernier bulletin de l’opérateur espagnol de gestion des infrastructures énergétiques «Enagás», l’Algérie consolide sa position en tant que principal fournisseur de gaz naturel à l’Espagne en 2023, après avoir été à nouveau en tête des exportateurs de gaz en juillet. Durant ce mois, l’Algérie a totalisé l’exportation de 9106 gigawattheures (GWh), pour couvrir 28,7% de la demande mensuelle espagnole.

    L’Algérie a fourni au cours des sept premiers mois de l’année, plus de 59 100 GWh, couvrant 25% de la demande totale espagnole jusqu’en juillet 2023, devançant ainsi, la Russie avec 49 909 GWh, et 21,1% de couverture de la demande espagnole de gaz naturel en 2023. En troisième position, on retrouve les Etats-Unis arrivent, avec 19,1% de la demande totale cette année, devant le Nigeria, avec 13,9%.

    Rappelons que Sonatrach avait  réactivé dès le mois d’avril l’envoi de méthaniers vers l’Espagne, par rapport aux mois précédents, avec la plus grosse expédition de gaz en 16 mois, totalisant 31% du total de gaz provenant d’Algérie.

    En avril dernier, l’Algérie avait récupéré la première place de fournisseur gazier de l’Espagne, devant les Etats-Unis et la Russie. Pour le mois de mai, cette première position a été consolidée avec  l’expédition de 9 824 gigawattheures (GWh), soit 28,3% du total des importations espagnoles, avec une croissance de 8% sur un an.

    SS

  15. Tensions autour du poumon de l'électronique
    Lettre n°24 — Mercredi 21 Juin


    Cher lecteur, chère lectrice,

    Heureux de te retrouver pour une nouvelle édition. Dans cette lettre parlons d'un secteur avec de très belles perspectives, mais une cyclicité à ne pas sous-estimer : les semi-conducteurs.

    Le mois dernier, je suis tombé sur un super article de Bourseko sur cette industrie. Il a gentiment accepté de nous préparer un condensé que voici.

    Vincent Aufrand te parlera ensuite de l'inflation et de la consommation aux États-Unis qui risque d'impacter les profits des sociétés.

     

    Les grandes lignes (12 min de lecture)

    🎙️ Comprendre l'industrie des semi-conducteurs

    🔍 La récession des profits devrait s’aggraver

     

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    🎙️ Comprendre l’industrie des semi-conducteurs

    Par Bourseko

    Qu’est-ce qu’un semi-conducteur ?

    Un semi-conducteur est un matériau qui a la propriété d’être à la fois isolant et conducteur d’électricité quand on le chauffe, l’éclaire ou lorsqu’il est soumis à une tension électrique.

    Le silicium est le principal semi-conducteur utilisé en raison de son abondance et de ses caractéristiques intéressantes.

    A quoi servent les semi-conducteurs ?

    Les semi-conducteurs sont indispensables à la fabrication des puces, circuits intégrés et microprocesseurs.

    Quand on parle du marché des semi-conducteurs, on parle surtout du marché du produit final, la puce (chip en anglais).

    Nous avons besoin de processeurs pour énormément d’objets : ordinateurs, smartphones, voitures, serveurs, machines, armes…

    Ils sont la pierre angulaire de notre vie moderne. Le Monde utilise cette expression que je trouve très juste : "Les semi-conducteurs sont à l'électronique ce que le pétrole est à l'industrie".

     
    En raison de cette omniprésence, ce marché pèse lourd : plus de 590 milliards de dollars en 2021.

    Mais surtout, les semi-conducteurs sont INDISPENSABLES pour faire tourner les modèles d’intelligences artificielles.

    Comment sont fabriquées les puces ?

    Une puce est composée de millions de transistors. Plus le nombre de transistors augmente, plus la puissance de calcul fournie est élevée.

    Le processus de production se décompose en 8 grandes étapes :

    image-26.png Processus de fabrication des semi-conducteurs - Infographie

    Quels sont les différents types de puces ?

    Il existe de nombreux types de puces en fonction de l'usage. Pour illustrer de façon plus simple, j’ai réalisé l’infographie suivante :

    image-27.png Quelles sont les différentes types de puces - Infographie

    Chaîne de valeur de l’industrie des semi-conducteurs

    Pour répondre à un besoin toujours grandissant en puissance de calcul, une véritable course à la miniaturisation s’est engagée.

    En 1965, Moore, cofondateur d’Intel, énonce une fameuse loi qui porte son nom. Il projette que le nombre de transistors dans une puce allait doubler tous les ans. En 1975, il corrige sa prédiction à un doublement tous les 2 ans.

    Encore actuellement, cette loi est toujours plus ou moins respecté.

    Cette guerre technologique fait grimper les coûts de conception et de production, si bien que les acteurs doivent se spécialiser afin d'être les mieux armés pour y faire face.

    image-28.png Panorama de l’industrie des semi-conducteurs - Infographie

    Conception

    Le coût pour concevoir des nouvelles puces explose avec la miniaturisation.

    Les puces de 5 nm sont déjà extrêmement développées mais depuis la fin de l’année 2022, l’industrie a la capacité de produire des puces de 3 nm.

    image-29.png Coût de conception d’une nouvelle puce en 2020 - Source : Mckinsey

    Les pure-players ou producteurs fabless se spécialisent dans la conception et ne possèdent pas d'usines. Ils externalisent la fabrication auprès de fonderies.

    Dans cette catégorie, on retrouve Nvidia, AMD, Qualcomm ou Broadcom pour les plus importants.

    Enfin, d'autres entreprises comme Apple se sont lancées dans la conception. Le fabricant de l'IPhone cherche à contrôler l'ensemble de la chaîne de valeur des produits électroniques.

    Production

    Les fonderies sont les sociétés spécialisées dans la fabrication de puces pour le compte de leurs clients concepteurs.

    Avec des coûts fixes très élevés (le coût d'une usine de dernière génération est estimé à 10 milliards de dollars selon Intel), seul un nombre restreint de sociétés peut opérer. Ce segment est donc très concentré.

    Les principaux acteurs sont :

    • TSMC : Le Taiwanais surclasse de loin ses concurrents et capte 56% des parts de marché en 2022 dont 85% pour les puces de moins 7 nm.
    • UMC : Taiwanais, 6,9% de parts de marché.
    • GlobalFoundries : Américain, 5,8% des parts de marché.

    Equipements

    Les équipementiers sont essentiels dans la chaîne de valeur de cette industrie. Ils sont spécialisés dans une ou plusieurs étapes du processus de fabrication :

    • Lithographie : ASML capte 60% de parts de marché de ce segment et est en position de monopole car ils sont les seuls à maîtriser la technologie EUV (Extreme UltraViolet).
    • Dépôt et gravure : Applied Materials, Lam Research, Tokyo Electron
    • Test et diagnostic : KLA Corporation est leader incontesté et se taille la part de lion avec 50% des parts de marché.

    IDM

    Enfin, il y a aussi les IDM (Integrated Device Manufacturer) qui sont un cas un peu à part. Il s’agit des acteurs qui se positionnent à la fois dans la conception et la fabrication.

    Leur niveau d'intégration est hétérogène c’est-à-dire qu’ils peuvent produire pour des tiers et/ou sous-traiter une partie aux fonderies.

    STMicroelectronics ou Texas Instrument ont des capacités de production très limitée. Ce sont des acteurs fablite.

    Intel et Samsung eux sont plus intégrés. Samsung est d’ailleurs le deuxième producteur de puces avec 15,5% des parts de marché en 2022.

    Quelles perspectives de croissance pour ce secteur ?

    La croissance attendue de ce marché est de 7%/an d’ici 2030 - ce qui le valoriserait à plus de 1000 Mds $ à cet horizon. Cette croissance sera tirée essentiellement par 3 secteurs qui vont profiter de mégatendances de fond.

    • Calcul et stockage de données : IA et le cloud
    • Télécommunication sans fil : la 5G et la montée en gamme des smartphones dans les pays émergents
    • Automobile : segment avec la croissance la plus forte grâce au développement des véhicules autonomes et électriques

    image-30.png Projection de croissance entre 2021 et 2030 sur le marché des semi-conducteurs - Source : McKinsey

    Quels risques pour cette industrie ?

    Une bataille géopolitique globale

    Les semi-conducteurs sont au cœur d’une bataille géopolitique planétaire du fait de leur importance névralgique pour des secteurs comme l’armement et les nouvelles technologies.

    Les États-Unis font tout ce qu'ils peuvent pour empêcher leur rival, la Chine, de rattraper leur retard dans le domaine. Et pour cause : même si la Chine a fait de grands progrès technologiques, les semi-conducteurs restent le principal poste d'importation.

    Or, sans les semi-conducteurs modernes, il n'y a pas de technologie de pointe.

    Une dépendance accrue à Taïwan

    L’Europe, les Etats-Unis et la Chine représentent ensemble 50% de la production. Néanmoins, Taïwan concentre une grande partie de la fabrication des puces les avancées.

    image-31.png Répartition des capacités de production de semi-conducteurs - Source : McKinsey

    C’est un réel risque. Pour rappel, Taïwan est toujours revendiqué par la Chine depuis 1949. A plusieurs reprises, ils ont menacé d’envahir l’île. Si cela devait se produire, les conséquences seraient incommensurables.

    🔍
    L'Europe et les Etats-Unis ont bien compris cette vulnérabilité. Ils ont donc lancé des plans ambitieux pour attirer les investissements dans ce secteur.

    Cyclicité du secteur

    Brièvement, je voulais rappeler que cette industrie est cyclique. Texas Instrument a réalisé ce graphique qui le montre bien.

    image-32.png Les semi-conducteurs, un marché cyclique - Source : Texas Instrument

    Conclusion

    Le secteur des semi-conducteurs est incontestablement intéressant. Les entreprises y opérant dégagent des marges élevées. Certaines bénéficient d'avantages concurrentiels durables, ce qui les rend particulièrement attractives.

    En tant qu’investisseur long terme, il me paraît difficile de ne pas être exposé à ce secteur incontournable pour nos économies.

    Il peut être difficile de comparer les différentes sociétés car elles adressent souvent des marchés différents. Par exemple, STMicroelectronics a une proximité historique avec l'automobile, Texas Instrument produit beaucoup de puces analogiques, Nvidia et AMD jouent à fond la carte des GPU.

    Pour ceux qui ne voudraient pas faire de stock picking, l'indice sectoriel de référence est le PHLX Semiconductor Sector (SOX). C'est certainement la meilleure façon de s'exposer au secteur sans prendre trop de risques.

    nota bene : il y a bien évidemment des risques à chaque position que tu prends sur les marchés.

    Capture-d-e-cran-2023-06-15-a--10.31.04. Indice SOX depuis 1996 - Source ProRealTime

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  16. Algérie. En finir avec le mythe Camus

    Plus de 63 ans après sa mort, Camus est toujours mobilisé en marge des commémorations liées à la colonisation française en Algérie pour défendre l’idée d’un « juste milieu » entre l’OAS et le FLN. Dans les commentaires qu’il continue de susciter, son dernier roman (inachevé) Le Premier Homme est toujours ignoré. Le texte montre pourtant une vision mythologique de la conquête coloniale, qui relève de l’imaginaire réactionnaire.

     
     
     

    IMG/logo/camus-3.jpg

    Albert Camus, 1953
    STF/AFP

    Peu d’écrivains français, qui plus est du XXe siècle, jouissent aujourd’hui de la postérité d’Albert Camus, devenu depuis les années 1990, la chute du bloc communiste et la construction de l’espace européen aidant, un écrivain « universaliste ». À une époque où parler des « extrêmes » ne relève même plus de l’abus de langage, on salue la lucidité visionnaire de l’auteur de L’Homme révolté qui, déjà à l’époque, renvoyait dos à dos le nazisme et le communisme comme deux avatars du terrorisme d’État. L’auteur incarne désormais le consensus de la démocratie libérale, la « juste mesure » d’une morale centriste devenue capable d’établir une équivalence entre la violence du colonisateur et celle du colonisé, en rejouant le match Sartre-Camus d’où le premier sort inexorablement perdant. Mieux, le natif d’Alger qui, à la question de savoir s’il était de gauche, avait répondu « oui, malgré elle et malgré moi », a été depuis récupéré par une droite dure, voire réactionnaire, comme en témoigne le souhait émis par Nicolas Sarkozy en 2009 de le panthéoniser, ou encore la biographie fantaisiste (et truffée d’erreurs) de Michel Onfray en 2012, L’Ordre libertaire.

    Si de nombreux textes camusiens n’ont rien perdu de leur beauté ou de leur puissance, si certaines de ces citations relèvent de ce qu’on appelle des punch lines (« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » ; « La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme » ; « Le charme : une manière de s’entendre répondre “oui” sans avoir posé aucune question claire »), une thématique continue à revenir régulièrement : celle de la position de l’auteur quant à la question algérienne. On y trouve d’un côté les défenseurs de Camus l’incompris, plaidant la complexité d’un homme torturé qui a « mal à l’Algérie », comme il l’écrit dans ses Carnets. Ce camp est souvent prompt à mobiliser des textes de jeunesse comme la série de reportages pour Alger républicain « Misère de la Kabylie » (1939), son récit L’Hôte dans L’Exil et le royaume (1957) ou ses demandes de grâce pour des Algériens condamnés à mort pour terrorisme, notamment à la demande de Germaine Tillion. Tandis qu’en face, on rappellera inexorablement le meurtre de l’Arabe dans L’Étranger ou sa citation « Je défendrai ma mère avant la justice » — une interprétation hors contexte, plaide-t-on de l’autre côté.

    Étonnantes absences dans les deux cas, celles des deux textes sur lesquels Albert Camus travaille alors qu’on est en pleine guerre de libération : les Chroniques algériennes (Actuelles III) publiées en 1958, et son dernier roman, Le Premier Homme, que l’auteur mort prématurément dans un accident de voiture le 4 janvier 1960 n’a pas pu achever, mais qui sera publié à titre posthume en 1994.

    « PAUVRES ET SANS HAINE »

    Les deux projets marquent la volonté de l’auteur nobélisé de rompre le silence, lui qui ne s’était pas prononcé publiquement depuis 1956 sur la question algérienne. Dans les deux ouvrages, l’on retrouve l’idée de restituer une certaine « vérité », en choisissant de « ne plus témoigner que personnellement, avec les précautions nécessaires », selon les mots de l’écrivain dans la préface des Chroniques, où il condamne en même temps la torture exercée par l’armée française en Algérie et les attentats contre les civils français. Agnès Spiquel dira du choix du titre de cet ouvrage que ce « pluriel met en avant l’idée que les faits seraient assez parlants pour qu’on puisse se contenter de les enregistrer ». Témoigner donc pour livrer son propre récit sur « des hommes et des femmes de son propre sang ».

     

     

    En proie au doute face à la complexité et l’urgence de la situation, Camus revient dans Le Premier Homme à son enfance, à ses années algériennes dans une famille dont il relève davantage l’appartenance socio-économique que le statut de Français d’Algérie. Il déclare d’ailleurs dans les Chroniques : « Je résume ici l’histoire des hommes de ma famille qui, de surcroît, étant pauvres et sans haine, n’ont jamais exploité ni opprimé personne ». Or, affirme-t-il, « les trois quarts des Français d’Algérie leur ressemblent ». La grande Histoire est lisible entre les lignes de ce récit personnel. La réédition de ses écrits de jeunesse L’Envers et l’endroit en cette même année 1958, avec une préface, ne fait que renforcer ce désir de témoignage : « Voici les miens, mes maîtres, ma lignée ».

    Dans le « royaume de misère » de son enfance que Camus incarne dans Le Premier Homme à travers le portrait de la famille de son double Jacques Cormery, tout apparaît sous le signe de la parcimonie, les biens matériels comme l’expression des sentiments. Nous voilà bien loin de l’enfance bourgeoise d’un Jean-Paul Sartre placée sous le signe des Mots, avec cette mère pour qui le vocable même de « bibliothèque » est difficile à prononcer. Mais qu’on ne s’y trompe pas : enfance pauvre certes, mais tout de même heureuse, et digne surtout, dans l’ascétisme d’une « pauvreté aussi nue que la mort ». L’auteur semble relater le souvenir de sa mère pour expier la culpabilité de celui qui a fréquenté la bourgeoisie intellectuelle de Saint-Germain-des-Prés : « Jacques, du plus loin qu’il se souvînt, l’avait toujours vue repasser l’unique pantalon de son frère et le sien, jusqu’à ce que lui partît et s’éloignât dans l’univers des femmes qui ne lavent ni ne repassent ».

    On trouve là un écho à son propos dans les Chroniques où il transforme le conflit politique qui l’oppose aux intellectuels français partisans de l’indépendance algérienne en une affaire de classe sociale : « Une certaine opinion métropolitaine, qui ne se lasse pas de les [les Français d’Algérie] haïr, doit être rappelée à la décence ». Son texte est une double charge, avec Sartre en ligne de mire, tant contre ceux qui réduisent la réalité algérienne à des considérations théoriques sur la politique et la justice, que contre le « partisan français du F.L.N. » qui donnerait à lire une caricature des Français d’Algérie, « coupables d’être les complices et les bénéficiaires d’un système qui opprime et exploite les autochtones ». Il oppose aux « articles qu’on écrit si facilement dans le confort du bureau » la concrétude d’un argument d’autorité. Le tableau d’une Nativité quasi christique ouvre d’ailleurs son roman autobiographique et ambitionne d’illustrer un cosmopolitisme revendiqué et la possibilité d’une vie paisible entre les « deux communautés d’Algérie ». Dans la mythologie de l’auteur, la misère devient une patrie où tous les trimards cohabitent et se côtoient, bien qu’ils ne se mélangent pas.

    UN MYTHE BIBLIQUE

    C’est précisément dans la mythologie que le livre bascule à partir du chapitre intitulé « La Recherche du père », où Camus tente de reconstituer la vie de son père mort à la guerre en 1914 alors que lui-même n’a pas encore un an. Or, au vu du peu de documents dont il dispose, l’auteur ne peut opérer qu’une reconstitution partielle : « Le reste, il fallait l’imaginer ». La figure paternelle sera par conséquent mi-réaliste mi-fictive, comme un récit des temps anciens que l’imagination finit par transformer en légende. La mission qu’il se donne est de lui rendre un visage et une voix, ainsi qu’à toute sa famille et, par extension, à toute sa communauté, en remontant jusqu’aux vagues de colons de 1848 et de 1871 : « Arracher cette famille pauvre au destin des pauvres qui est de disparaître de l’histoire sans laisser de traces. Les Muets ».

    Son double et héros Jacques Cormery retourne alors en « pèlerinage » sur son lieu de naissance, à Mondovi (Dréan). En plus de donner une connotation sacrée à ce déplacement, l’évocation du rite amène l’idée d’une répétition, constitutive du mythe à travers l’actualisation d’un geste ancestral fondateur. Ce faisant, le héros répète le geste des « émigrants » de 1848 qui sont arrivés pour la première fois sur ces terres. C’était « la même arrivée de nuit dans un lieu misérable et hostile, les mêmes hommes ».

    Sur la place du village, « les Français […] avaient le même air sombre et tourné vers l’avenir, comme ceux qui autrefois étaient venus ici par le Labrador1, ou ceux qui avaient atterri ailleurs dans les mêmes conditions, avec les mêmes souffrances ». L’arrivée de « la pluie algérienne, énorme, brutale, inépuisable » qui « était tombée pendant huit jours » rappelle le déluge biblique, et marque l’avènement d’une « race » nouvelle qui a déjà ses plaies et ses martyrs, avec cette épidémie qui fait plus d’une dizaine de morts par jour. Les gestes collectifs se mettent en place, comme cette danse entre deux enterrements, pour devenir au fur et à mesure symboliques.

     

    À cette étape du récit, le parti pris de Camus est limpide : son évocation ne souffre presque pas la présence d’« Arabes », bien qu’il rende compte, en détail, des crimes contre les colons. Certes, le personnage du docteur est là pour vaguement rappeler qu’on « les avait enfermés dans des grottes avec toute la smalah » et qu’ils « avaient coupé les couilles des premiers Berbères ». Mais même ces exactions sont dénuées de leur caractère politique, sorties de tout contexte historique et géographique, pour n’être qu’une nouvelle reproduction d’un mythe ancestral et biblique, celui du premier meurtre, du premier fratricide, et ainsi se fondre dans la masse anonyme et banale des tueries que les hommes se sont toujours infligées : « et alors on remonte au criminel, vous savez, il s’appelait Caïn, et depuis c’est la guerre, les hommes sont affreux, surtout sous le soleil féroce », écrit-il dans une autoréférence à L’Étranger.

    UNE TERRE SANS PEUPLE POUR UN PEUPLE SANS TERRE

    Camus avait déjà donné les prémices d’une telle lecture dans le chapitre qui raconte le retour du fils Cormery de la métropole à Alger, auprès de sa mère. Là aussi, en épousant le point de vue de cette dernière, le récit fait abstraction totale de toute présence arabo-berbère. L’espace algérien devient l’objet d’une lutte exclusive entre Français et Allemands, lutte par ailleurs commencée en métropole et qui se poursuit dans ce prolongement de France. C’est une terre qui accueille les parias, les va-nu-pieds, les marginaux, ceux qui n’ont eu leur chance nulle part. Sur cette terre algérienne qui apparaît étonnamment vierge sous la plume camusienne, arrivent ceux qui fuient la guerre comme ceux qui crèvent la faim.

    Dans cette représentation, l’est algérien est une terre sans peuple, un pays « plat, entouré de hauteurs lointaines, sans une habitation, sans un lopin de terre cultivé, couvert seulement d’une poignée de tentes militaires couleur de terre, rien qu’un espace nu et désert […] ». Ses ancêtres y sont venus prendre cette « Terre promise » qui rappelle l’Eldorado américain, tandis que les Arabes sont vaguement présents, « de loin en loin », silencieux et « hostiles », « groupés » à l’image de ces chiens kabyles « en meute ». On pense à Frantz Fanon qui écrit dans Les Damnés de la terre : « Le langage du colon, quand il parle du colonisé, est un langage zoologique ».

    Les « conquérants » ou « aventuriers » rappellent l’imaginaire du Far West américain ou des conquêtes espagnoles2. Eux aussi sont guettés par tous les dangers, comme jadis les hommes d’Hernán Cortés ou de Francisco Pizarro : celui de l’épidémie, des changements de saison, ainsi que des « lions à crinière noire, les voleurs de bétail, les bandes arabes et parfois aussi les razzias d’autres colonies françaises qui avaient besoin de distraction ou de provisions ». Ils gardent alors « toujours le fusil et les soldats autour ». Certes, le texte mentionne bien qu’on a donné aux Espagnols de Port Mahon et aux Alsaciens « les terres des insurgés de 71, tués ou emprisonnés », référence sommaire à l’insurrection des frères Mokrani en mars 1871, en Kabylie, où près de 500 000 hectares de terres sont alors confisqués et attribués aux colons. Mais ils sont alors des « persécutés-persécuteurs », noyés dans les combats qui perlent l’histoire de l’humanité, et pour lesquels ils ne devraient pas porter de responsabilité.

    L’épopée coloniale décrite dans Le Premier Homme actualise cet idéal religieux, profane ou civilisationnel de rédemption, où l’Autre est au mieux inférieur, au pire inexistant. Ainsi naît le mythe de ce peuple conquérant qui ne doit rien à l’entreprise coloniale, « où chacun était le premier homme », actualisant le mythe de l’homme pauvre et conquérant malgré lui, qui doit à chaque génération mener sa propre bataille, « apprendre seul, grandir seul, en force, en puissance, trouver seul sa morale et sa vérité ». Car il n’y a pas de transmission au sein de cette « race », pas d’héritage ni de mémoire chez ceux qui n’ont pas accès à la parole et qui ne peuvent par conséquent rien transmettre. Le seul bien que cette tribu a en héritage c’est cette terre, qui, par sa symbolique, se trouve enveloppée d’une aura de sacralité. C’est elle qui donne sens à tout, y compris à la propre vie de l’auteur : « Ma terre perdue, je ne vaudrais plus rien », (Carnets). Et c’est aussi par ce lien commun à la terre que, selon les dires du colon Veillard, Français et « Arabes » seraient forcés à cohabiter à nouveau ensemble : « On va encore un peu se tuer, se couper les couilles et se torturer un brin. Et puis on recommencera à vivre entre hommes. C’est le pays qui veut ça ». Encore une fois, Français et « Arabes » aspireraient à un avenir utopique où ils vivraient fraternellement par le seul miracle de leur commune présence géographique.

    « UNE ÉPOQUE PÉRIMÉE »

    En ayant recours à cette construction mythique pour retracer — ou imaginer — l’histoire de sa lignée, et malgré la mention formelle de quelques dates, Camus s’extrait du temps historique pour plonger dans le temps sacré. Car seule la temporalité du mythe est capable de donner une place à ceux qui étaient jusque-là en dehors de l’Histoire et qui n’avaient aucune conscience de son écoulement. Ainsi de la mère de Cormery, « qui ne pouvait même pas avoir l’idée de l’histoire ni de la géographie » et qui ne distingue pas la « guerre d’Algérie » d’une catastrophe naturelle :

    La guerre était là, comme un vilain nuage, gros de menaces obscures, mais qu’on ne pouvait empêcher d’envahir le ciel, pas plus qu’on ne pouvait empêcher l’arrivée des sauterelles ou les orages dévastateurs qui fondaient sur les plateaux algériens.

    L’univers de Cormery n’est alors pénétré par l’Histoire que dans une perspective de destruction, symbolisée par l’attentat qui fait voler en éclats cette ambiance chaleureuse du dimanche matin où Français — y compris parachutistes ! — et « Arabes » se côtoient.

    Or, c’est justement le refus de Camus de reconnaître la marche de l’Histoire que critiquait déjà, en mars 1956, Jean Sénac. Dans sa « Lettre à un jeune Français d’Algérie » parue dans la revue Esprit, Sénac, pourtant ami de Camus, s’oppose totalement à cette vision et accuse son destinataire, précisément, d’« entretenir des mythes ». Sous la plume de ce poète également né en Algérie qui partage avec Camus des origines espagnoles, la misère n’est pas qu’une donnée sociologique : elle est sœur de la répression coloniale, puisque l’enfant qui n’a pas de quoi se nourrir est le même qui se trouve traqué par la police coloniale. Loin des ouvriers arabes du domaine de Saint-Apôtre qui, dans Le Premier Homme se désolent du départ de leur patron français à Marseille, ceux dont parle Sénac rêvent de « vengeance ». Et là où Camus n’aura de cesse de rêver de fraternité, lui parlera de dignité : « La dignité, il faudra bien que tu admettes que tous les hommes en ont besoin et que, si on la leur arrache, ils finissent tout de même par la reconquérir ». Sous sa plume, le mot « Arabes » est placé entre guillemets. Mais surtout, Sénac reproche à son destinataire une position que l’on ne peut que qualifier de réactionnaire et qui devrait être étrangère à leur génération : il évoque ainsi « les prétentions égoïstes de [leurs] pères » pour leur opposer « que la patrie algérienne est fondée ». Le destinataire anonyme de sa lettre, ce Français d’Algérie qui était probablement Camus, est à ses yeux trop attaché à une « époque périmée » et adopte un conservatisme désespéré : « Tu vois bien que le fil est usé, mais tu tires quand même ».

    Si Sénac partage avec le « petit voyou d’Alger », selon la formule affectueuse de Sartre pour Camus, cet attachement pour cette terre où il est « né, où [il a] grandi, comblé », où il a également « [ses] parents et [ses] morts, [ses] souvenirs et [son] espérance », il oppose au mythe des pieds-noirs entretenu par Camus une ambition plus proche de celle des pieds-rouges à laquelle le poète semble aspirer : « […] je reste persuadé que, vieux occidentaux, cette révolution nous concerne, que nous avons un rôle à jouer dans cette nation et que nous avons, nous aussi, un certain nombre de briques à apporter à l’édifice commun ».

     

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