pmat 276 Posted April 29, 2013 Partager Posted April 29, 2013 LA COMMUNAUTE CA DERANGE QUI , Et pourquoi ? LES COMMUNAUTES JE DIRAIS Bonjour ILS DISENT FAIRE DU COMUNAUTARISME Qu'arrive t il au monde d'être aussi intolérant les uns envers les autres Et de plus en plus agressif TU FAIS CETTE REMARQUE, ON TE DIT RENTRE CHEZ TOI VA T'EN D'ICI De plus on remarquera que ce sont souvent les sien qui prennent le devant pour le faire en mieux AH OUI C'EST CA AVOIR L'ESPRIT COLONISE! Et chacun impose a autrui gratuitement des règles comme pour l'asservir et comme aussi pour lui être docile a u doigt et a l'œil CA A UN NOM CA NON? Oui ce matin ce sujet qui me trottait dans l'esprit: QUI EST D'INTERDIRE LE COMMUNAUTARISME INTERDIRE LE COMMUNAUTARISME C'est interdire DE NE PLUS A l'Algérie d'avoir sa Kabylie A l'Algérie d'avoir son Oranie sa Constantine A la France d'avoir son Marseille D'avoir ses Lyonnais ,d'avoir sa population Bordelaise OU EST LE PROBLEME? AH ,ON AIME PAS? ALORS IL FAUT LES DIVISE COMME CA ON AURA MOINS PEUR Mais c'est du n'importe quoi Mais voila une autre façon d'être contre autrui Injustement Oui une autre façon de s'en prendre a quelqu'un par le biais d'invention Et en passant par la case Et au nom de LA DEMOCRATIE,LA LAICITE,LE MARIAGE POUR TOUS QUI SUBSISTE PAR.. AUSSI L'ELECTORALISME ET AU NOM DES CONTRIBUABLE QU'EST CE QUE CA VEUT DIRE? REFLECHISONS, REFLECHISSONS!! :artist: OU VA LE MONDE? Citer Link to post Share on other sites
Guest L'étrangère Posted April 29, 2013 Partager Posted April 29, 2013 L'union des musulmans est la victoire. Un hadith dit que si chacun faisait le salat en son temps, les coeurs seront unis. Le communautarisme préservera nos valeurs. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 29, 2013 Author Partager Posted April 29, 2013 L'union des musulmans est la victoire. Un hadith dit que si chacun faisait le salat en son temps, les coeurs seront unis. Le communautarisme préservera nos valeurs. Amine ya rab el aalamine:horse: Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 29, 2013 Author Partager Posted April 29, 2013 OUI QUI LE VEUT J'AI PAS ENVIE D'Y TREPONDRE MOI MEME POUR EVITER DES INSULTES ENCORE CAR CA REVEILLE UN PEU DEVANT CETTE QUESTION DEJA EN TANT DE GUERRE ON DIT PAS PLUS DE DEUX PERSONNE SI NON COMPLOT ET ON EST ARRETER C'EST COMME CELA QUE CA SE PASSAIT EN ALGERIE ET EN FRANCE PENDANT LES EVENEMENTS D'ALGERIE DEPUIS L'ALGERIEN EST LE PLUS MAL AIMER DANS LRES ANNES 70 TOUT ACTE DANS LA VILLE ETAIT UN ALGERIEN QU'ON LISAIT LE LENDEMANT DANS LES JOURNREAUX DE FRANCE Citer Link to post Share on other sites
hurlevent 10 Posted April 30, 2013 Partager Posted April 30, 2013 L'union des musulmans est la victoire. Un hadith dit que si chacun faisait le salat en son temps, les coeurs seront unis. Le communautarisme préservera nos valeurs. C'est 20% de la population mondiale. L'armée est encore petite pour crier victoire! J'AI PAS ENVIE D'Y TREPONDRE MOI MEME POUR EVITER DES INSULTES ENCORE Pmat Tu comprends ce que tu m'as fait vivre.... Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 ON A TENDANCE A PRENDRE SON PETIT CAS POUR UNE GENERALITE II. Sciences philosophiques et sociologiques Histoire moderne et contemporaine du politiquePierre Rosanvallon MAIS QU'ON ME LAISSE PENSER MOI AUSSI PMAT Généralité, Globalité et Totalité Les notions ensemblistes complexes : application à la sociologie juridique Serge DIEBOLT -------------------------------------------------------------------------------- (Communication présentée lors de la table ronde AE-MCX au Futuroscope de Poitiers, juin 1997, Atelier n°11 du Réseau Européen Droit et Société " La décision complexe ") -------------------------------------------------------------------------------- Une communauté d'individus autonomes soulève bien souvent des interrogations complexes et parfois paradoxales : comment une société peut-elle considérer comme supérieur à elle un ordre ou un régime qu'elle a elle-même institué ? Comment expliquer l'autonomie du social, la permanence des institutions, l'existence presque tangible de structures ? Dans ce cadre, quelle est ou devrait être la place du droit, et quel serait l'ordre juridique le plus souhaitable ? L'analyse de ce type de formes, fréquemment basée sur l'observation empirique, peut se heurter à l'impuissance d'une démarche purement constative à rendre compte des relations entre faits, actes et volontés collectives ou individuelles. Il est alors nécessaire de recourir à des outils plus théoriques qui, s'ils ne peuvent à eux seuls prétendre expliquer la totalité des phénomènes complexes, ont du moins le mérite de poser sur des bases épistémologiques solides des conclusions fiables et des raisonnements rigoureux. On obtient alors des modèles d'évolution qui permettront une approximation de la réalité avec une marge d'erreur raisonnable car clairement déterminée. A titre d'exemple, une approche peut être esquissée pour répondre aux questions posées au début de cette introduction, basée sur le postulat qu'ordre juridique et ordre social !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Texte intégralPDF 415k Signaler ce document Cours : Les métamorphoses de la légitimité (la démocratie au xxie siècle, III)1L’onction populaire des gouvernants est pour nous la principale caractéristique d’un régime démocratique. L’idée que le peuple est la seule source légitime du pouvoir s’est imposée avec la force de l’évidence. Nul ne songerait à la contester, ni même à la réfléchir. Nous en sommes toujours restés là. Cet énoncé recouvre pourtant une approximation d’importance : l’assimilation pratique de la volonté générale à l’expression majoritaire. Mais elle n’a guère été discutée. Le fait que le vote de la majorité établisse la légitimité d’un pouvoir a en effet aussi été universellement admis comme une procédure identifiée à l’essence même du fait démocratique. Une légitimité définie en ces termes s’est d’abord naturellement imposée comme rupture avec un ancien monde où des minorités dictaient leur loi. L’évocation de « la grande majorité », ou de « l’immense majorité » suffisait alors à donner corps à l’affirmation des droits du nombre face à la volonté clairement particulière de régimes despotiques ou aristocratiques. L’enjeu décisif était de marquer une différence quant à l’origine du pouvoir et aux fondements de l’obligation politique. Partant de là, le principe de majorité s’est ensuite fait reconnaître dans son sens plus étroitement procédural. 2Le passage de la célébration du Peuple ou de la Nation, toujours au singulier, à la règle majoritaire ne va pourtant pas de soi, tant les deux éléments se situent à des niveaux différents. Il y a d’un côté l’affirmation générale, philosophique si l’on veut, d’un sujet politique, et de l’autre l’adoption d’une procédure pratique de choix. Se sont ainsi mêlés dans l’élection démocratique un principe de justification et une technique de décision. Leur assimilation routinière a fini par masquer la contradiction latente qui les sous-tendait. Les deux éléments ne sont en effet pas de même nature. En tant que procédure, la notion de majorité peut s’imposer aisément à l’esprit, mais il n’en va pas de même si elle est comprise sociologiquement. Elle acquiert dans ce dernier cas une dimension inévitablement arithmétique : elle désigne ce qui reste une fraction, même si elle est dominante, du peuple. Or la justification du pouvoir par les urnes a toujours implicitement renvoyé à l’idée d’une volonté générale, et donc d’un peuple figure de l’ensemble de la société. Cette perspective sociologique n’a cessé d’être renforcée par le réquisit moral d’égalité et l’impératif juridique de respect des droits, appelant à considérer la valeur propre de chaque membre de la collectivité. C’est ainsi l’horizon de l’unanimité qui a depuis l’origine sous-tendu l’idée démocratique : est démocratique, au sens le plus large du terme, ce qui exprime la généralité sociale (le cours de 2007 avait longuement exploré la question qui n’a donc été que brièvement évoquée en 2008). On a seulement fait dans comme si le plus grand nombre valait pour la totalité, comme si c’était une façon acceptable d’approcher une exigence plus forte. Première assimilation doublée d’une seconde : l’identification de la nature d’un régime à ses conditions d’établissement. La partie valant pour le tout, et le moment électoral valant pour la durée du mandat : tels ont été les deux présupposés sur lesquels a été assise la légitimité d’un régime démocratique. 3Le problème est que cette double fiction fondatrice est progressivement apparue comme l’expression d’une insupportable approximation. Dès la fin du xixe siècle, alors que le suffrage universel (masculin) commençait tout juste à se généraliser en Europe, les signes d’un précoce désenchantement se sont pour cela multipliés de toutes parts. Au spectre du règne des masses, d’abord tant redouté par les libéraux, se trouva bientôt substitué le constat de l’avènement de régimes engoncés dans l’étroitesse de leurs préoccupations. Les mots de peuple et de nation qui n’avaient cessé de nourrir les attentes et les imaginations se sont alors trouvés comme rapetissés en étant noyés dans les méandres de l’agitation partisane et des clientèles. Le système des partis, dont aucun des premiers théoriciens de la démocratie n’avait envisagé l’existence et le rôle, s’est imposé à partir de cette période comme le cœur effectif de la vie politique, entraînant le règne des rivalités personnelles et des coteries. Le Parlement, qui avait été de son côté considéré depuis l’origine comme l’institution qui résumait l’esprit et la forme du gouvernement représentatif, perdait à l’inverse sa centralité et voyait son fonctionnement changer de nature. L’idée première d’une enceinte de la raison publique où serait débattue à haute voix la définition de l’intérêt général s’est de fait dégradée en un système de marchandages asservis à des intérêts particuliers. Le moment électoral a continué de son côté à mobiliser les énergies et à exprimer de véritables enjeux. Mais il n’a plus été cette fête chaleureuse de la citoyenneté qui avait dessiné le premier horizon du suffrage universel. Pendant toute cette période des années 1890-1920 au cours de laquelle s’amoncellent les ouvrages qui auscultent la « crise de la démocratie », l’idée que le fonctionnement du système électoral majoritaire conduit à exprimer l’intérêt social a ainsi perdu toute crédibilité. Le monde électoral-parlementaire est davantage apparu gouverné par des logiques de particularité que par une exigence de généralité. Le principe de l’élection des gouvernants a certes toujours dessiné un horizon procédural indépassable, mais on a cessé de croire à l’automaticité de ses vertus. 4Face à ce qui a été ressenti comme un profond ébranlement, ces années 1890-1920, encadrant la Grande Guerre, vont s’efforcer de déterminer les moyens permettant à l’idéal démocratique de retrouver sa dimension substantielle primitive. Les voies les plus extrêmes, on le sait, seront explorées, allant même jusqu’à ériger un moment le projet totalitaire en figure désirable du bien public. Mais du sein de ce bouillonnement, va aussi émerger de façon plus discrète ce qui modifiera en profondeur les régimes démocratiques : la formation d’un véritable pouvoir administratif. C’est en effet pendant cette période que s’édifie partout un État plus fort et mieux organisé. Le fait important est que son développement a été indissociable d’une entreprise de refondation de ses principes. On a voulu que la « machine bureaucratique » puisse constituer en elle-même une force identifiée à la réalisation de l’intérêt général. Les modèles du service public en France et de l’administration rationnelle aux Etats-Unis, ont alors illustré les deux grandes façons de penser la poursuite de cet objectif. D’un côté, la vision d’une sorte de corporatisme de l’universel, appelant structurellement les fonctionnaires à s’identifier à leur mission, à devenir « intéressés au désintéressement ». De l’autre, la recherche d’un accès à la généralité par les vertus d’une gestion scientifique. Se trouvaient de la sorte réactualisés et réinsérés dans l’univers démocratique les anciens idéaux du gouvernement rationnel et de la politique positive, qui, des Lumières à Auguste Comte, avaient invité à réaliser le bien public à l’écart des passions partisanes. 5 Le but a été de corriger le projet problématique d’une expression unifiée des volontés par une forme de mise en œuvre plus réaliste et plus objective de la généralité sociale. Cette entreprise a alors effectivement commencé à prendre corps, au moins partiellement. Sans que les choses n’aient jamais été pleinement conceptualisées, les régimes démocratiques ont ainsi progressivement reposé sur deux pieds : le suffrage universel et l’administration publique. Celle-ci a cessé d’être la simple courroie de transmission du pouvoir politique pour acquérir une marge d’autonomie fondée sur la compétence. Dans le cas français, ces deux dimensions de « l’arche sainte » du suffrage universel et du service public ont explicitement superposé leurs valeurs respectives dans l’idéologie républicaine. Les « jacobins d’excellence » de la haute administration l’ont incarnée au même titre que les élus du peuple. À côté de la légitimité d’établissement, celle de la consécration par les urnes, une deuxième appréhension de la légitimité démocratique a ainsi vu le jour : celle d’une identification à la généralité sociale. Elle a, dans les faits, joué un rôle décisif en tant qu’élément compensateur de l’affaiblissement de la légitimité électorale. Se liaient de la sorte les deux grandes façons de concevoir la légitimité : la légitimité dérivée de la reconnaissance sociale d’un pouvoir, et la légitimité comme adéquation à une norme ou à des valeurs. Ces deux formes croisées de légitimité, procédurale et substantielle, avaient donné à partir du tournant du XXe siècle une certaine assise aux régimes démocratiques. Cette page a commencé à se tourner dans les années 1980. SUITE Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 SUITE 1 6La légitimation par les urnes a d’abord reculé, du fait de la relativisation et de la désacralisation de la fonction de l’élection. À l’âge « classique » du système représentatif, celle-ci valait mandat indiscutable pour gouverner ensuite « librement ». On présupposait en effet que les politiques à venir étaient incluses dans les termes du choix électoral, du seul fait de l’inscription de ce dernier dans un univers prévisible, structuré par des organisations disciplinées , aux programmes bien définis et aux clivages clairement dessinés. Ce n’est plus le cas. L’élection a dorénavant une fonction plus réduite : elle ne fait que valider un mode de désignation des gouvernants. Elle n’implique plus une légitimation a priori des politiques qui seront ensuite menées. La notion de majorité, d’un autre côté, a changé de sens. Si elle reste parfaitement définie en termes juridiques, politiques et parlementaires, elle l’est beaucoup moins en termes sociologiques. L’intérêt du plus grand nombre, en effet, ne peut plus être aussi facilement assimilé que dans le passé à celui d’une majorité. Le « peuple » ne s’appréhende plus comme une masse homogène, il s’éprouve plutôt comme une succession d’histoires singulières, une addition de situations spécifiques. C’est pourquoi les sociétés contemporaines se comprennent de plus en plus à partir de la notion de minorité. La minorité n’est plus la « petite part » (devant s’incliner devant une « grande part ») : elle est devenue une des multiples expressions diffractées de la totalité sociale. La société se manifeste désormais sous les espèces d’une vaste déclinaison des conditions minoritaires. « Peuple » est désormais aussi le pluriel de « minorité ». 7 De son côté, le pouvoir administratif a été fortement délégitimé. La rhétorique néo-libérale a joué son rôle, en affaiblissant la respectabilité de l’État et en invitant à ériger le marché en nouvel instituteur du bien-être collectif. Plus concrètement, les nouvelles techniques d’organisation des services publics (le New Public Management) ont surtout introduit des méthodes qui ont conduit à dévaloriser la figure classique du fonctionnaire comme agent patenté de l’intérêt général. La haute fonction publique s’est trouvée la plus atteinte par cette évolution, ne semblant plus capable d’incarner une force d’avenir dans un monde plus ouvert et moins prévisible. La reconnaissance d’une technocratie parée des vertus de la rationalité et du désintéressement a aussi perdu son évidence dans une société plus lucide et plus éduquée. L’ancien style d’une action publique « bienveillante », surplombant une société considérée comme mineure, est devenu du même coup économiquement inopérant et sociologiquement inacceptable. Le pouvoir administratif a donc été dépossédé des éléments moraux et professionnels qui lui avaient autrefois permis de s’imposer. L’affaiblissement de sa légitimité s’est ainsi ajouté à celui de la sphère électorale-représentative. 8L’affaissement de l’ancien système de double légitimité et les divers changements qui l’ont à la fois provoqué et accompagné à partir des années 1980 n’ont pas seulement entraîné un vide. Si le sentiment d’une perte, voire d’une décomposition, s’est fortement fait ressentir, une sorte de recomposition silencieuse s’est aussi engagée. De nouvelles attentes citoyennes sont d’abord apparues. L’aspiration à voir s’instaurer un régime serviteur de l’intérêt général s’est exprimée dans un langage et avec des références inédites. Les valeurs d’impartialité, de pluralité, de compassion ou de proximité se sont par exemple affirmées de façon sensible, correspondant à une appréhension renouvelée de la généralité démocratique, et partant des ressorts et des formes de la légitimité. Des institutions comme les autorités indépendantes ou les cours constitutionnelles ont parallèlement vu leur nombre et leur rôle s’accroître considérablement. Une autre façon de gouverner semble enfin s’être esquissée avec la place croissante prise par l’attention à l’image et à la communication. Tout ceci dessine un paysage fort contrasté dont il faut appréhender la consistance et le devenir. Il convient donc de le décrire. Mais en même temps de ne pas en rester à ce stade. L’essentiel est en effet de tenter de dégager les concepts qui peuvent rendre intelligible ce monde émergent, et plus encore de discerner les nouvelles formes démocratiques vers lesquelles il pourrait positivement évoluer. Tout en gardant le souci d’une description des discours et des expériences, en restant attentifs à leurs inachèvements, à leurs équivoques, voire à leurs dangers, il convient donc de forger les idéaux-types qui permettraient de penser la maîtrise de cet univers en gestation. Rien ne semble en effet joué. Se mêlent encore de façon confuse l’esquisse de nouveaux possibles et l’amorce de pathologies menaçantes. 9Le trait majeur qui caractérise le tournant des années 1980 consiste dans une reformulation latente des termes dans lesquels l’impératif démocratique d’expression de la généralité sociale est appréhendé. Pour bien prendre la mesure de cette évolution, il faut repartir des visions précédemment dominantes de cette généralité. Le suffrage universel repose sur une définition agrégative de cette dernière : c’est la masse des citoyens-électeurs dont l’expression dessine la figure de la volonté générale. Le service public renvoie quant à lui à l’idée d’une généralité objective : le fait que la raison publique ou l’intérêt général soient en quelque sorte identifiés aux structures mêmes de l’État républicain. La généralité est dans les deux cas considérée comme susceptible d’être adéquatement et positivement incarnée. Devant l’affaissement ressenti de ces deux façons d’aborder les choses, on peut déceler l’émergence de trois autres manières, plus indirectes, d’approcher l’objectif de constitution d’un pouvoir de la généralité sociale. Leur description a été au cœur des développements du cours : — La réalisation de la généralité par détachement des particularités, distance raisonnée et organisée vis-à-vis des différentes parties impliquées dans une question. Elle définit un pouvoir appréhendé comme un lieu vide. La qualité de généralité d’une institution est constituée dans ce cas par le fait que personne ne peut se l’approprier. C’est une généralité négative. Elle renvoie à la fois à une variable de structure qui en est le support (le fait d’être indépendant), et à une variable de comportement (le maintien de la distance ou de l’équilibre). C’est elle qui définit la position d’institutions comme les autorités de surveillance ou de régulation et les distingue au premier chef d’un pouvoir élu. — La réalisation de la généralité par le biais d’un travail de pluralisation des expressions de la souveraineté sociale. Le but est là de compliquer les sujets et les formes de la démocratie pour en réaliser les objectifs. Il s’agit notamment de corriger les inaccomplissements résultant de l’assimilation d’une majorité électorale à la volonté du corps social appréhendé dans sa globalité. C’est une généralité de démultiplication. On peut considérer qu’une cour constitutionnelle participe d’une telle entreprise lorsqu’elle veille à passer au tamis de la règle constitutionnelle, exprimant ce qu’on pourrait appeler le peuple principe, les décisions du parti majoritaire. 1 Par opposition à la notion sociologique usuelle de « montée en généralité », qui signifie prise de (...) — La réalisation de la généralité par prise en considération de la multiplicité des situations, reconnaissance de toutes les singularités sociales. Elle procède d’une immersion radicale dans le monde de la particularité, marquée par le souci des individus concrets. Ce type de généralité est associé à une qualité de comportement, il résulte de l’action d’un pouvoir qui n’oublie personne, qui s’intéresse aux problèmes de tous. Il est lié à un art de gouvernement qui est aux antipodes de la vision nomocratique. À rebours de l’approche de la constitution du social par un principe d’égalité juridique, mettant à distance toutes les particularités, la généralité est définie dans ce cas par un projet de prise en compte de la totalité des situations existantes, par l’étendue d’un champ d’attention. On pourrait parler pour cela d’une pratique de « descente en généralité1 ». C’est une généralité d’attention à la particularité. 10Ces différentes façons d’envisager la réalisation de la généralité ont en commun de reposer sur une approche de la totalité sociale qui n’est comprise ni sur le mode d’une agrégation arithmétique (avec l’idéal sous-jacent d’unanimité), ni dans une perspective moniste (avec la référence à un intérêt social conçu comme la propriété stable d’un corps collectif ou d’une structure). Elles renvoient à la valorisation d’une vision beaucoup plus « dynamique » d’opérations de généralisation. Elles correspondent en quelque sorte aux trois stratégies possibles pour explorer un univers dans sa totalité : le considérer au télescope, multiplier les coupes au microscope, le parcourir par des itinéraires différents. La généralité constitue dans cette perspective un horizon régulateur ; elle n’est plus d’ordre substantiel, comme ce que suggéraient les notions de volonté générale et d’intérêt général. 11Trois nouvelles figures de la légitimité ont en conséquence commencé à se dessiner : la légitimité d’impartialité (liée à la mise en œuvre de la généralité négative) ; la légitimité de réflexivité (associée à la généralité de démultiplication) ; la légitimité de proximité (suivant la généralité d’attention à la particularité). Cette véritable révolution de la légitimité participe d’un mouvement global de décentrement des démocraties. Se prolonge en effet sur ce terrain la perte de centralité de l’expression électorale déjà observée dans l’ordre de l’activité citoyenne. Dans La Contre-démocratie, j’ai ainsi décrit comment de nouvelles formes d’investissement politique avaient émergé, les figures du peuple-surveillant, du peuple-veto et du peuple-juge dessinant leur nouvelle vitalité en contrepoint de celle d’un peuple-électeur effectivement plus morose. La vie des démocraties s’élargit donc de plus en plus au-delà de la sphère électorale-représentative. Il y a dorénavant bien d’autres façons, à la fois concurrentes et complémentaires de la consécration par les urnes, d’être reconnu comme démocratiquement légitime. 12Contrairement aux légitimités d’établissement et d’identification qui étaient indissociables de propriétés considérées comme appartenant intrinsèquement à certains pouvoirs (l’élection ou le concours donnant un statut à ceux qui avaient triomphé de l’épreuve impliquée), ces formes émergentes sont constituées par des qualités. La légitimité n’est donc jamais acquise dans leur cas. Elle reste toujours précaire, continuellement remise en jeu, dépendante de la perception sociale de l’action et du comportement des institutions. Ce point est essentiel : il traduit le fait que ces nouvelles figures sortent du cadre de la typologie usuelle distinguant la légitimité comme produit d’une reconnaissance sociale et la légitimité comme adéquation à une norme. Les légitimités d’impartialité, de réflexivité et de proximité superposent en effet les deux dimensions ; elles ont un caractère hybride. Elles dérivent des caractéristiques des institutions, de leur capacité à incarner des valeurs et des principes, mais elles restent simultanément dépendantes du fait qu’elles doivent être socialement perçues comme telles. On peut de la sorte concevoir que leur déploiement puisse faire entrer les démocraties dans un nouvel âge. Le régime de légitimité qui émerge conduit en effet à dépasser les termes de l’opposition traditionnelle entre les gardiens de la « généralité républicaine », surtout préoccupés par la substance des choses, et les champions d’une « démocratie forte », d’abord attentifs à l’intensité de la mobilisation sociale. 13Elles élargissent encore de cette façon les typologies classiques fondées sur la seule opposition de la légitimité par les fondements (input legitimacy) et de la légitimité par les résultats (output legitimacy) Cette distinction a certes son utilité : elle rappelle que la façon dont sont appréciées les actions des gouvernants entre en ligne de compte dans le jugement que portent sur eux les citoyens (et elle suggère que des instances non élues peuvent être reconnues comme légitimes pourvu qu’elles contribuent à la production de ce qui est reconnu comme socialement utile). Nous avons montré dans le cours que la redéfinition de la légitimité procèdait d’une déconstruction et d’une redistribution de l’idée de généralité sociale, conduisant à en pluraliser radicalement les formes. Il y a en effet plusieurs manières d’agir ou de parler « au nom de la société » et d’être représentatif. Les trois nouvelles légitimités font pour cela système, se complétant pour définir de façon plus exigeante l’idéal démocratique. SUITE Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 SUITE2 Séminaire : L’État de la recherche en théorie politique (I)14Le séminaire a été organisé autour de six doubles séances au cours desquelles a été présenté et discuté l’état de la recherche en théorie politique dans quelques domaines essentiels. 151) Mercredi 12 mars : Philippe Urfalino (directeur de recherches au CNRS et directeur d’études à l’EHESS) : La démocratie délibérative. Ph. Urfalino a d’abord montré comment un certain nombre de travaux, consacrés à l’argumentation ou à la délibération, dans les années 1990 et 2000, ont préparé la littérature abondante sur la démocratie délibérative, alors que dans les années 1960 on était loin de considérer que l’argumentation est au cœur de la vie politique. Pour ressaisir la littérature consacrée à la démocratie délibérative, il importe de montrer qu’il faut la comprendre comme destinée à répondre à trois questions. La démocratie délibérative se veut comme une réponse au pluralisme : dans nos sociétés ne peut plus dominer un ordre normatif permettant un consensus. Elle est aussi une manière d’organiser une raison publique à partir de la mise en place d’argumentation. Elle se veut enfin, dans une certaine mesure, un renouvellement de la démocratie représentative, dans la mesure où elle veut être une mise à l’épreuve de la responsabilité des gouvernants. 162) Mercredi 19 mars : Yves Sintomer (Professeur à l’Université de Paris VIII, directeur adjoint du Centre Marc Bloch à Berlin) : La démocratie participative. La démocratie participative, selon Y. Sintomer, est un effort pour mettre en place une discussion publique des affaires de la cité. Il a montré que la théorie d’Habermas sur l’espace publique a ouvert deux voies. La première a fondé en grande partie les réflexions sur la démocratie délibérative (qui consiste à renforcer la légitimité démocratique en faisant appel, à tous les niveaux, à l’argumentation). La seconde a présidé aux interrogations sur la possibilité d’une démocratie participative. Les expériences de démocratie participative sont nombreuses et diverses. Y. Sintomer l’a notamment montré en étudiant les usages du tirage au sort, dont la spécificité est qu’il permet de passer de l’égalité dans la décision (l’élection) à l’égalité dans la nomination. 173) Mercredi 26 mars : Olivier Beaud (Professeur à l’Université de Paris II) : Expériences et théorie du fédéralisme. O. Beaud a d’abord présenté une vue d’ensemble de la littérature consacrée au fédéralisme, en soulignant l’absence d’études systématiques en France, où domine le modèle souverain. A la Révolution, le fédéralisme est associé au féodalisme. Si la notion retrouve un certain crédit, c’est notamment parce que se créent des institutions internationales qui la mettent en jeu (la SDN, l’Europe). Mais jamais dans cette littérature le fédéralisme n’est étudié pour lui-même : il y est souvent décrit comme une forme de décentralisation, et non comme un ordre politique. O. Beaud a proposé, contre cette littérature, de défendre l’hypothèse selon laquelle un système fédéral ne doit se comprendre ni comme un Etat ni comme un Empire. C’est une forme politique autonome, qui assume parfaitement d’être à la fois une union d’Etats et une institution, sachant que cette institution demande aux Etats souverains de se transformer en Etats-membres. 184) Mercredi 2 avril : Pasquale Pasquino (Directeur de recherche au CNRS et Professeur à New York University) : Le principe de majorité. P. Pasquino s’est attaché à expliciter le rôle et la légitimité des organes non élus, et notamment des cours constitutionnelles. L’élection des représentants n’est qu’une partie seulement de la réalité constitutionnelle de nos démocraties modernes. Or, la présence des cours constitutionnelles montre les limites du principe majoritaire. Celui-ci est à la fois une règle d’autorisation et une règle de nomination. Mais il ne consiste pas à choisir une politique. Ce qui le justifie, c’est qu’il impose une forme spécifique d’égalité (toutes les opinions ont le même poids). Mais le principe de majorité ne peut décider de tout : il ne peut, par exemple, abolir la séparation des pouvoirs ou remettre en cause des droits établis comme inviolables. Le principe du souverain doit être limité par un certain nombre de contrôles qui ne doivent pas être liés aux élections. 195) Mercredi 9 avril : Dominique Rousseau (Professeur à l’Université de Montpellier I) : Constitutionnalisme et démocratie. Au nom de quoi interdire au peuple de vouloir ce qu’il veut ? C’est la question, selon D. Rousseau, que pose la question du constitutionalisme, doctrine qui pense la démocratie par la constitution. Or, il est en crise parce qu’on considère qu’il pèse sur les institutions issues du vote populaire. Ce qu’il faut souligner, c’est que la constitution comme garantie des droits fondamentaux produit une démocratie d’un certain type, caractérisée par trois éléments. D’abord, l’écart entre deux espaces porteurs de volonté normative, les actes de lois votés par les représentants et les droits des représentés. Ensuite, la promotion de la délibération comme régime concurrentiel de la volonté générale. Enfin, l’avènement de la société des individus comme objet de la constitution. 206) Mercredi 16 avril : Claude Lefort (Directeur d’études à l’EHESS) : La pensée du politique : histoire et perspectives. Claude Lefort s’est proposé d’éclairer la nature de la démocratie moderne à travers la distinction entre la politique (essentiellement tournée vers la considération du régime) et le politique, qui veut en penser les conditions sociales. La science politique méconnaît la nature profonde de la démocratie parce qu’elle laisse dans l’ombre la société dans laquelle elle s’est formée. La démocratie n’est pas localisable dans la société : elle est une forme de société. Dans l’Ancien Régime, le pouvoir monarchique était incorporé dans la personne du prince. La démocratie introduit dans cette perspective un bouleversement : le pouvoir n’est plus incorporé, c’est un lieu vide. Le conflit est alors institutionnalisé, le pouvoir dans une démocratie ne peut exister qu’en quête de sa légitimité. La démocratie n’est pas réductible à un certain nombre d’institutions. Publications scientifiques21Rosanvallon P., « Intellectual History and Democracy », Journal of History of Ideas, Volume 68, Numéro 4, octobre 2007, p. 701-715. Rosanvallon P., « Le sens de la Contre-démocratie », Commentaire, n° 120, Hiver 2007-2008, pp. 1113-1115. Rosanvallon P., « L’Universalisme démocratique : histoire et problèmes », Esprit, janvier 2008, p. 104‑120. Rosanvallon P., « Identidad nacional y Democracia », Archivos del Presente, n° 47, février 2008. Vulgarisation de la recherche22— « La desconfianza es una virtud civica » (entretien), La Nacion (Argentine), 30 septembre 2007. — « Una democracia de espíritu religioso » (entretien), Clarin (Argentine), 24 novembre 2007. — « La actividad diaria de los ciudadanos es actuar la desconfianza » (entretien), Página 12 (Argentine), 26 novembre 2007. — « Un intelectual lejos panfleto » (entretien), Página 12 (Argentine), 26 novembre 2007. — « Entretien », Diasporiques, n° 44, décembre 2007. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 SUITE 3 — « Peuple, public : Comment peut-on être vraiment démocrate », in Nicolas Truong (éd), Le Théatre des idées, Flammarion, 2008, p. 356-367. — « Le politique doit prouver son action » (entretien), Ouest-France, 10 janvier 2008. — « Le nouvel âge des démocraties », El Watan (Algérie), 25-26 avril 2008. — « La démocratie face au marché », Alternatives Économiques, hors sérien° 77, 2e trimestre 2008. — « On fait comme si… » (entretien), Paris-Normandie, 6 mai 2008. Conférences invitées à l’étranger23— Institut Français du Royaume Uni (Londres), 8 novembre 2007 : Democracy and European Institutions. — Université de Buenos-Aires (Argentine), 20 novembre 2007 : Confianza y desconfianza en la democracia. — Alliance Française de Buenos-Aires (Argentine), 21 novembre 2007 : L’Avenir de l’idée de nation dans un monde globalisé. — Maison « Vlaams-Nederlands Huis de Buren » (Bruxelles), 29 novembre 2007 : La Démocratie multiple. — Université de Leuwen (Belgique), 30 novembre 2007 : Social Citizenship. — Séminaire du Gouvernement basque (Vitoria, Espagne), 18 avril 2008 : La nouvelle légitimité démocratique. — Grandes conférences d’El Watan (Alger), 26 avril 2008 : La démocratie et ses ennemis. — Université La Sapienza (Rome), Colloque européen d’Amalfi (Italie), 31 mai 2008 : Situation de la démocratie contemporaine. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 ET ENFIN VOILA CE QU'ON DOIS SAVOIR PAUVRE NOUS ET CEUX QUI NOUS ENFONSE Généralité, Globalité et Totalité Les notions ensemblistes complexes : application à la sociologie juridique Serge DIEBOLT -------------------------------------------------------------------------------- (Communication présentée lors de la table ronde AE-MCX au Futuroscope de Poitiers, juin 1997, Atelier n°11 du Réseau Européen Droit et Société " La décision complexe ") -------------------------------------------------------------------------------- Une communauté d'individus autonomes soulève bien souvent des interrogations complexes et parfois paradoxales : comment une société peut-elle considérer comme supérieur à elle un ordre ou un régime qu'elle a elle-même institué ? Comment expliquer l'autonomie du social, la permanence des institutions, l'existence presque tangible de structures ? Dans ce cadre, quelle est ou devrait être la place du droit, et quel serait l'ordre juridique le plus souhaitable ? L'analyse de ce type de formes, fréquemment basée sur l'observation empirique, peut se heurter à l'impuissance d'une démarche purement constative à rendre compte des relations entre faits, actes et volontés collectives ou individuelles. Il est alors nécessaire de recourir à des outils plus théoriques qui, s'ils ne peuvent à eux seuls prétendre expliquer la totalité des phénomènes complexes, ont du moins le mérite de poser sur des bases épistémologiques solides des conclusions fiables et des raisonnements rigoureux. On obtient alors des modèles d'évolution qui permettront une approximation de la réalité avec une marge d'erreur raisonnable car clairement déterminée. A titre d'exemple, une approche peut être esquissée pour répondre aux questions posées au début de cette introduction, basée sur le postulat qu'ordre juridique et ordre social décisions individuelles qui, en s'harmonisant, s'organisent en décisions collectives. L'ordre juridique est, quant à lui, conçu pour réguler l'ordre social. Partant de cette base, le juriste ou le sociologue du droit vont devoir se pencher sur la question du rapport qui existe entre l'échelle couramment considérée comme locale, à savoir l'individu, et celle, plus vaste, du ou des groupes dans le(s)quel(s) il s'insère. Il ressort d'une première observation que, si l'échelon local peut dans un premier temps être considéré comme unique, la globalité va connaître, du fait de la complexité structurelle de l'individu et des constructions qu'il engendre, divers degrés qualitatifs (rappelons que l'individu est défini comme autonome, donc complexe). On peut, en se limitant aux possibilités offertes par le langage courant, donner une typologie sommaire définissant 3 degrés distincts (d'autres sous-distinctions sont possibles, mais l'on peut s'en tenir aux trois principales) : la généralité, issue de la projection de l'un sur les autres la globalité, Autre résultant des relations entre les uns la totalité, entité complexe contenant conjointement local et global L'ordre de présentation de ces trois notions reflète une gradation de leur degré de complexité. Cette gradation sera exposée et, au fur et à mesure, illustrée par des exemples tirée de la pratique juridique et des travaux de quelques sociologues. Rappels théoriques liminaires La définition de ces trois notions est proposée dans le cadre d'une étude centrée sur le droit et la sociologie juridique, mais peut être étendue à d'autres domaines d'analyses. Il sera d'ailleurs fait appel à diverses théories ; celles des êtres complexes, des organismes autonomes, des jeux, ainsi que quelques emprunts à diverses disciplines comme l'économie ou les sciences de la nature. Ces emprunts sont facilités par l'adoption d'une problématique complexe, qui permet de comparer des modèles très hétérogènes. A l'origine de cette perspective, l'être humain, ou sujet de droit, est considéré comme une entité autonome. Ceci implique qu'elle est douée de sa propre raison d'existence. Il en résulte plusieurs caractéristiques : faculté d'action et clôture opérationnelle, donc capacité de décision. Ceci veut dire que le système ainsi défini peut être considéré comme le point d'origine pour l'observation, qui contient la notion d'unité. Unité corporelle, bien sûr, mais également unité décisionnelle. Cette capacité à prendre des décisions résulte de la nécessité, pour un être qui possède sa propre raison d'existence, de la maintenir (voire d'y mettre fin, dans les cas extrêmes). Ce maintien amène l'individu à réagir aux chocs exogènes émanant de son environnement en adoptant des comportements ou des stratégies propres à assurer son adaptation. Une capacité de reproduction vient compenser la tendance à la disparition de ce système à l'équilibre toujours instable (tendance au vieillissement ou périssement accidentel). Donc, l'homme est un être auto-organisé, finalisé, qui perçoit et agit : un être complexe. Il ne sera pas ici considéré comme le produit de la volonté d'un radicalement Autre (divinité ou cause transcendante), comme le proposent d'autres théories. Cette prise de position amène à réfuter dès l'origine les conceptions juridiques et sociales de type jusnaturalistes (même si l'on peut grâce à la complexité donner une interprétation de leurs raisons d'existence, comme il sera montré par la suite). Cependant, si le maintien de son existence est la première finalité de l'individu, elle n'est pas la seule. Ses rapports avec son environnement l'amènent par définition à adopter des stratégies le mettant en relation avec des ensembles, des groupes, ou à en constituer si besoin est. Ces stratégies peuvent, dans le cas des êtres humains, revêtir des formes hautement compliquées, voire complexes. C'est précisément de ces formes qu'il va être question ici, de leur description comme de leur émergence. La plus " simple " d'entre elle s'oppose couramment à la notion de particularité, connexe de la singularité et de la localité : il s'agit de la généralité. 1 - La généralité (répétition de l'un) 1.1 - Logique de la généralité Il est fréquent de raisonner par généralité. La logique formelle traite depuis longtemps de ce qui peut être considéré comme une résultante de la faculté cognitive d'abstraction : celle de faire rentrer des cas particuliers dans des schémas (ou frames, concepts ou patterns ou gestalts patternés selon les disciplines qui recourent à cette notion) le plus souvent préconstitués par expérience ou apprentissage, et souvent assignés à un symbole. Le syllogisme est la forme de raisonnement la plus connue qui relie particularité et généralité : par la déduction, mais aussi par l'induction (création du général à partir du particulier), mais aussi subsomption (désignation d'un général à partir d'un cas particulier). 1.2 - La généralité en mouvement : la généralisation Sur un plan plus pratique, la notion de généralité peut s'infléchir sous l'effet de la pratique. En effet, la logique formelle ne traite qu'une partie essentiellement statique des problèmes. Leur mise en relation dans un cadre dynamique met en évidence l'importance de l'usage qui est fait de la généralité : la généralisation. La généralisation, dans cette optique, peut être vue comme une opération intellectuelle intervenant lors du processus décisionnel et consistant à faire une projection des conséquences tirées de l'expérience de l'un sur le multiple. SUITE Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 SUITE 1 Exemple : sachant qu'une seule loi de circulation automobile est définie : " que chacun conduise comme il l'entend ", quelle va être la situation qu'observera un observateur posté à un carrefour, au bout d'un certain temps ? Le raisonnement par généralisation peut donner une réponse : sachant qu'au niveau individuel, il est impossible de prédire a priori le comportement de chaque automobiliste, on peut se risquer à avancer l'heuristique suivante : chaque automobiliste a une chance équiprobable de s'arrêter ou d'avancer à un carrefour. On peut aisément déduire de manière intuitive le résultat : chaque croisement d'automobile aura une chance sur deux de déboucher sur une collision. 1.3 - Généralité du jeu répété Dans une optique tout aussi linéaire, l'économiste Axelrod a utilisé la théorie des jeux pour tirer des conclusions généralisées de situations unitaires. Il a ainsi utilisé le plus classique des jeux, le dilemme du prisonnier (pour mémoire, deux prisonniers, questionnés séparément par leurs geôliers, ont le choix entre se dire coupable ou innocent ; s'ils se disent tous deux innocents, ils sont libres ; si l'un se dit coupable et l'autre innocent, l'un écope d'une peine de prison, tandis que l'autre est pendu haut et court ; enfin, si tous deux se proclament coupables, ils ont une peine de prison, mais allégée pour leur aide au bon fonctionnement de la justice). Axelrod a utilisé ce jeu en horizon fini et infini (il se répète un nombre illimité de fois). La répétition permet l'élaboration de stratégies plus ou moins spéculaires, dont la plus connue et la plus simple est la stratégie TIT for TAT (donnant-donnant, ou oeil pour oeil), qui consiste à jouer au coup suivant la même stratégie que l'adversaire a jouée au coup précédent. Axelrod a démontré que cette stratégie est à long terme (c'est-à-dire quand un nombre suffisamment grand de coups est joué) celle qui assure le gain maximal. Nul besoin de tactiques élaborée, ni d'anticipations géniales : la pure réaction suffit à faire tendre vers un équilibre de gain moyen mais supérieur à la moyenne, tous les joueurs. La généralisation d'une tactique simple aboutit ainsi à l'optimalité, quelle que soit la complexité de l'environnement. Ces conclusions, un peu rapidement étendue par des courants de pensée à tendance néolibérales, ont amené certains à penser à l'inutilité patente des normes juridiques en matière économique. Certains auteurs, comme J.-P. Delahaye, ont cependant montré que si l'on donne la faculté aux agents d'interrompre le jeu à leur guise, les stratégies les plus performantes possèdent des degrés de complexité bien supérieurs au TIT for TAT. 1.4 - Généralisation du raisonnement juridique L'exemple précédent de circulation " sauvage ", peut être décrit dans une optique juridique comme un jeu répété pour lequel toute perte est inacceptable. Les systèmes de droit modernes sont en effet bâtis autour de la nécessité d'assurer des relations interpersonnelles qui rendent possible la coexistence des individus sans provoquer la dislocation de l'ordre social (symbolisée par la collision des véhicules). C'est dans cet état d'esprit que peut être amené à statuer un juge placé dans la situation de trancher un litige non trivial (hard case, selon le terme anglo-saxon) : placé en état de devoir statuer loin de toute solution normative textuellement prédéfinie (ou de devoir, dans certaines situations, étendre voire modifier une norme préexistante), le juge va se trouver dans l'obligation d'anticiper la perception qui sera ultérieurement faite de l'interprétation qu'il va donner du silence des textes. D'une part, pour éviter une éventuelle remise en question, toujours pénible, de sa décision par une juridiction du degré supérieur, ou d'autre part pour établir une jurisprudence à la fois viable et durable. La plus évidente des opérations de prévision de ce type peut consister en une généralisation de cette décision, telle que les commentateurs et les récipiendaires du droit ont toutes les chances de la concevoir. Le juge va alors se poser la question de savoir si sa décision, transposée dans un cadre général, risque de susciter acceptation ou rejet. Le raisonnement utilisé se présente sous la forme utopique d'un " que se passerait-il si... " (What if... selon la terminologie anglo-saxonne), qui traduit la transposition d'un cas concret à un idéal-type. Ainsi appliquée, la généralisation peut connaître différents degrés d'extension, selon l'importance que le juge peut entendre attribuer à telle ou telle décision. Ainsi des arrêts sont-ils arrêts d'espèce, dont la portée est limitée, soit par la terminologie employée dans les motifs, soit par le particularisme des articles cités dans le visa, ou arrêts de principe, qu'un travail de doctrine permet de cerner à la suite de sa publication. Mais la généralisation n'est pas qu'une opération projective. Ce peut être un fait réel, la réalisation d'une projection. Ainsi un arrêt de principe peut-il être reçu et conçu comme tel, et la pratique des sujets de droit de s'en trouver modifiée. A titre d'exemple, imaginons qu'un tribunal, pour limiter les accidents de circulation provoqués par l'absence de règle de conduite (ce à quoi peut être assimilée la règle du chacun pour soi, état de nature par excellence), décide d'imposer à chacun de n'avancer à un carrefour que s'il n'aperçoit personne venant à sa droite. La règle paraît suffisante, et une opération de généralisation suffit à s'en convaincre, mais il y a un cas qui posera problème : que faire si 4 automobilistes se présentent conjointement à un même carrefour ? Il n'y a pas de réponse logique, et cette indécidabilité peut se décrire comme une propriété présentant les traits d'un contre-effet (ou une contre-propriété), émergent d'un phénomène qui résulte de la réalisation complète de l'opération de généralisation : la globalisation. 2 - La globalité (création de l'Autre par interrelation des uns) Il y a une continuité mais un saut qualitatif entre généralité et globalité. La généralisation peut se représenter comme l'attribution à tous les éléments d'un ensemble d'une propriété attribuée à un élément cet ensemble. Ce processus est le plus souvent étalé dans les temps, mais peut être immédiat. A l'issue du processus de généralisation, l'ensemble est donc modifié. 2.1 - La globalité, une grandeur diachronique La temporalité au moins implicite des processus est ici une qualité essentielle. C'est elle qui distingue sur le plan mathématique la figure de la hiérarchie enchevêtrée de la simple théorie des ensembles. Elle donne alors à la notion de relation une propriété tout-à-fait particulière : celle de renverser, passé un seuil qui peut varier selon le système, le point de vue, et donc les valeurs, de l'observateur vis-à-vis de son objet. Par exemple, un citoyen peut adopter un comportement qu'il sait déviant ; il aura alors la conscience de commettre une faute socialement répréhensible. Mais qu'un nombre considéré comme suffisant de ses concitoyens adoptent le même comportement, et l'erreur commune fera droit (error communis facit jus). La globalisation de l'erreur transforme celle-ci en non-erreur. Le moyen le plus simple de globaliser une décision ou une valeur est de modifier un élément, auquel sont connectés simultanément et trivialement tous les autres. Mais cette figure hiérarchisée n'a pas toujours cours dans le processus de globalisation. L'ensemble peut conférer ses propriétés à ses éléments par un phénomène naturel de diffusion. Cependant, dans un ensemble complexe, et il faut ici accepter le postulat (démontrable mais sans grand intérêt pour le moment) que la société est un ensemble complexe, les transformations sociales peuvent prendre une physionomie plus spécifiquement constructiviste. SUITE Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 SUITE 2 2.2 - Le vivant, vers une construction de la globalité Ainsi, des individus forment un ensemble global quand ils possèdent entre eux des relations. Le schéma initialement concevable de façon statique par la généralité (dans le cas limite d'une simple projection linéaire) acquiert une dimension dynamique, donc temporelle. C'est ce qui permet de constater dans un ensemble formé de parties des propriétés qui ne peuvent être déduites de la seule observation des parties, prises une à une, voire deux à deux. Cette démarche, incompatible avec l'approche réductionniste peut-être un peu rapidement attribuée au 4ème principe de Descartes, est issue pour sa majeure partie la biologie et de l'étude des êtres vivants. Face à l'impossibilité d'expliquer le comportement autonome d'un être vivant par la seule description de ses fonctions cellulaires, les scientifiques du vivant ont les premiers jeté les bases de nouveaux concepts : la clôture opérationnelle, qui définit la capacité d'un organisme à être son propre producteur de sens, d'information, en un mot, posséder sa propre raison. Henri Atlan a été l'un des piliers de ce nouveau paradigme, en décrivant la manière paradoxale dont ces ensembles pouvaient agir en-dehors de toute influence extérieure : d'un côté, ces systèmes (parfois appelés autopoïétiques) sont capables de constituer leur propre structure, grâce à un code génétique (information donnée), mais ils peuvent également s'organiser en réaction aux changements qu'ils perçoivent provenant de leur environnement (les chocs exogènes). Le principe qu'Atlan considère dans comme central dans la composition de cette régulation est celui d'ordre par le bruit (le bruit est ici considéré comme une information stochastique, extérieure et imprévisible). Mais comment le bruit, sorte de non-ordre informationnel, peut-il être considéré comme producteur d'un ordre, certes différent mais suffisant pour maintenir en vie un organisme structuré ? Par un deuxième principe qu'Atlan nomme complexité par le bruit. Le système développe ses relations internes à défaut de voir croître ses éléments, il se complexifie ; la structure neuronale d'un cerveau développe les relations synapsiques, au fur et à mesure de la multiplication des problèmes auxquels elle a à faire face. 2.2.1 - Le vivant social C'est cette complexité, de la structure et des informations qui y transitent (comme l'a montré Jean Piaget dans la description du mécanisme d'assimilation-adaptation des organismes vivants), qui constitue le terreau sur lequel l'observateur peut commencer à regarder pousser l'arbre des relations sociales. En se réservant immédiatement cette cause qui doit toujours être implicitement entendue : le social ne constitue pas a priori un en-soi autonome. Pour une raison qui creuse un fossé définitif entre lui et les êtres vivants : il ne peut se reproduire, les individus qui le composent étant susceptible de cesser arbitrairement toute relation sociale (Durkheim, qui considère l'homme comme un " animal social ", soulignerait sans doute que ceci est un cas d'école, mais non impossible néanmoins). Un être réellement autopoïétique n'est pas une existence conditionnée par " bon vouloir " de ses composants. 2.2.2 - Le vivant juridique Un tel raisonnement peut également s'appliquer à la matière juridique. Avec une propriété remarquable supplémentaire : le droit contient en lui-même le principe de sa propre disparition. Si l'on accepte en effet de le considérer comme un régulateur social, c'est-à-dire comme un système de résolution de conflits interindividuels tels qu'ils sont conçus et définis par une sorte de conscience collective, alors il faut admettre l'idée que le droit n'a d'autre objet que sa propre suppression. En effet, s'il arrivait un jour que le système juridique soit parvenu à établir une paix sociale (disparition de conflits, une sorte de perfection) de manière totale et définitive, il perdrait subitement toute utilité et disparaîtrait au sens propre par simple effet de désuétude (ou non-utilisation). L'utopisme patent de ce cas de figure peut d'ailleurs suggérer de rechercher les permanences de comportement humain qui maintiennent à peu près constante la nécessité d'une régulation du social par un système de type juridique. Mais ceci est un autre débat. En résumé, les êtres globaux sont complexes, mais pas toujours autonomes. Ils peuvent aussi être pseudo-autonomes, comme les phénomènes sociaux ou juridiques (leur cause est partiellement exogène). 2.3 - La globalité étape vers l'autonomie On peut alors se poser la question de savoir pour quelle raison les hommes regardent couramment la société qui les environne comme un être quasiment autonome. Il est en effet fréquent d'entendre des auteurs parler d'autonomie du social, tout en soulignant le caractère intrinsèquement artificiel car conventionnel de cet ordre. Le mouvement de pensée structuralisme explique que cette tendance serait due à la conscience, au sein d'une mémoire collective de plus en plus étendue dans le temps, de la permanence supra-individuelle de certaines formes collectives, comme les structures. Les individus changent, les structures ou les institutions restent. Elles sont l'archétype de l'unité dans la diversité, de la stabilité dans le changement, voire pour les plus radicaux l'ordre dans le chaos. Ces propriétés apparemment contradictoires sont les symptômes d'une propriété qui résulte de la clôture (ou bouclage) de la globalité sur l'unité : la totalité. 3 - La totalité (conjonction du local et du global) La totalité est sans doute la figure la plus difficile d'accès au mode de pensée moderne, qui est fondamentalement dialectique. Les neurologues attribuent même au mode de fonctionnement de notre cerveau, basée sur des connexions fonctionnant par impulsion, notre relative inaptitude à penser le continu, et à notre façon de traiter le signal notre tendance à penser plutôt par disjonction que par conjonction. 3.1 - Paradoxes de la totalité Les sciences utilisant des totalités font usage de formules curieuses, comme celle de " programme qui se programme lui-même " (cybernétique), " ensemble qui est élément de lui-même " (mathématiques). Un petit problème circulaire illustre bien l'embarras qu'il y a à traiter ces ensembles qui ne font pas la différence entre eux et leurs parties : un bibliothécaire doit inscrire sur une liste tous les ouvrages de sa bibliothèque qui ne se citent pas eux-mêmes. La question est : le bibliothécaire doit-il y inscrire sa propre liste ? S'il ne le fait pas, sa liste ne se cite pas elle-même, et il manque à son obligation, mais s'il l'inscrit, sa liste sort de la catégorie des ouvrages à citer. Le problème, similaire au paradoxe du Crétois (qui prétend que " tous les Crétois sont des menteurs "), est totalement indécidable. Pour décider, il faut commencer par briser la circularité et trancher dans un sens ou dans l'autre. C'est cette brisure qui jalonne l'histoire des institutions et des civilisations humaines. 3.2 - Totalité et permanence structurale Car en soi la notion d'institution renferme un paradoxe symptomatique de l'existence d'une globalité. Comment en effet les hommes peuvent-ils s'accorder à reconnaître comme leur étant supérieure une chose qu'eux-mêmes ont créée ? Il faut semble-t-il y voir plus que l'effet d'une convention collective. La permanence des institutions ne peut s'expliquer, nombreux s'accordent sur ce point, par le renouvellement continuel d'un contrat social ou d'un accord tacite. La soumission à la justice ne découle pas que de l'acceptation par chaque individu de son autorité. Ce serait admettre qu'il existe une justice immanente, et le chemin n'est pas long de l'immanence à la transcendance. SUITE Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 SUITE 3 ET FIN C'est sans doute pour cette raison que l'on a longtemps pu croire à un fondement transcendant de la justice, voire de son idée même. Les sociologues de la modernité y voient surtout une forme particulièrement sophistiquée de réification d'une globalité vers l'individu, donc à la totalisation d'une forme de régulation sociale. Marcel Gauchet y voit l'expression d'un " savoir " primitif, qui s'auto-institue continuellement par la répétition de rites et de tradition, dont nul ne se souvient plus du fondement, ce qui leur procure le vernis sacramentel nécessaire à leur crédibilité. Cette figure manifeste, en ce qu'elle marie les contraires, son caractère de totalité. La société primitive " se pense pensée ", elle se refuse à " se reconnaître comme lieu et agent du penser qui la détermine ". " Tout se passe, écrit Gauchet, comme si au travers du comportement rituel était explicitement pensée, affrontée et conjurée la menace (qui pèse sur) l'ordre collectif. Tout se passe comme si était mis en oeuvre un savoir quant à la nécessité de prendre en compte la vacillation toujours possible des repères symboliques conférant son identité à l'espace social, et de réaffirmer l'existence du lien social ". Jean-Pierre Dupuy voit dans ce caractère toujours explicite la manifestation de l'impuissance à bâtir une théorie, d'où la nécessité, à défaut de métalangage, d'utiliser les ressources d'un langage objet impuissant à rendre compte de la proximité de l'affirmation avec sa négation. " De là que le rituel, explique-t-il, inclut ce qu'il lui faut exclure. Il ne sait pas combattre le feu autrement que par le feu ". 3.2 - De la totalité partielle à la totalité totale Un pas supplémentaire dans la complexité est alors franchi avec Marcel Gauchet, pour qui la division sociale, c'est-à-dire l'existence d'un pouvoir séparé et le libre déploiement du conflit civil, vont permettre l'émergence d'une nouvelle forme qui va consacrer le social moderne dans la fusion de ses individus et de sa figure réifiée en une totalité théorique quasi-autonome. " L'impensable de l'institution du social dans la société sauvage, explique-t-il, est intrinsèquement lié à son statut explicite, comme à l'inverse la possibilité d'en viser l'élucidation par un travail de connaissance est liée dans notre société à son recouvrement dans l'expérience collective... Seraient ainsi corrélatifs dans la société primitive la prise directe de la pratique sociale sur la vérité de l'être social et l'irréflexion constitutive de cette pratique, comme dans notre société l'occultation de la vérité et la visée ouverte de la vérité dans la théorie ". " D'un côté, résume Dupuy, un savoir, mais le non-savoir de ce savoir ; de l'autre, une méconnaissance, mais la possibilité de la connaissance de cette méconnaissance. " La mise à distance entre société et individu permet certes la mise en place de l'illusion de l'autosuffisance de l'individu, mais elle crée une incomplétude essentielle, un manque. Manque d'information, de la société sur elle-même et sur les causes de sa propre institution (marque de son autonomie partielle), et soustraction infinie de la société à la connaissance des individus, par l'existence d'une autonomie tout de même, dont découle la propriété d'auto-organisation, donc ne résultant ni d'une action externe (volonté d'un radicalement Autre), ni d'un programme interne (Constitution, contrat social, volonté générale,...). La société complexe " s'organise " loin des yeux et du vouloir des hommes. 3.3 - Totalité et contreproductivité Ce retour sur lui-même de l'individu envers et contre le collectif social peut être considéré comme la principale composante des phénomènes de contreproductivité, structurelle par encombrement, tels que décrits par Ivan Illich. L'individu, pris au piège de la croyance qu'il possède de son autosuffisance, perd alors de vue qu'il est élément d'un ensemble qui coévolue avec lui. Cette myopie peut aussi s'expliquer par la prise de conscience par l'individu de l'infinitésimal de sa dimension face à celle de son groupe. Cette conscience induit alors la croyance en l'infinitésimal de sa propre action sur celle du groupe : quoique je fasse, le destin de la société n'en sera pas changé. Entre schizophrénie et myopie, il y a un fossé, mais aucune différence sur la pratique : une logique individuelle myope débouche sur une irrationalité collective. 3.4 - Totalité, émergence et auto-organisation Le social émerge alors du nous pour prendre la forme d'un Autre, fruit de la construction interindividuelle d'une distance fictive entre la globalité et l'unité. L'Autre (semblable au grand Autre de Lacan), en se réifiant, va par projection des individus posséder comme en agrandissement leurs attributs : leurs qualités, leurs défauts, mais aussi leur autonomie, et partant, leur inconnaissabilité, etc. Dans cette hypothèse, les formes autoréférentielles et paradoxales que la société engendre d'elle-même pourraient être considérées comme structurelles : il est un moment où la société devient le lieu de tant de relations enchevêtrées que les hommes ne se reconnaissent plus dans le produit de leurs actions. Leur société se réifie, acquiert un statut qui lui est propre, de forme d'autant plus autonome que sa faculté d'auto-organisation engendre des structures dans lesquelles se dispersent les volontés individuelles. 3.5 - Totalité et gouvernabilité Il y a, comble du malheur, une difficulté quasi insurmontable à tenter de prétendre comprendre, quand on est élément d'une totalité, le fonctionnement de cette totalité. L'appréhension cognitive d'une totalité par une de ses composantes altère en effet immédiatement cette même totalité, de sorte que la compréhension reste toujours, même infinitésimalement, incomplète. Et la science des turbulences a montré depuis les années 1960 qu'une microvariation peut se répercuter, dans un système complexe, à un niveau macroscopique en un laps de temps extrêmement court, et sans qu'il soit nécessaire d'un apport substantiel d'énergie (le fameux " effet papillon "). Considéré comme un mal absolu en termes de gouvernabilité, cette découverte est la plus solide des garanties de l'autonomie définitive de la volonté individuelle. Ce que les physiciens ont appelé le chaos déterministe a sonné le glas d'un réductionnisme qui espérant secrètement réduire la décision individuelle à une série d'équations différentielles. L'homme peut être totalement déterministe mais infiniment inconnaissable, et donc imprévisible. Mais, même si un ensemble est déterminé, comment tenir à la fois compte de l'objet observé et de l'observateur, élément de cet objet ? La première science à s'être attaquée de front à cette difficulté, en dénonçant l'utopisme, dangereusement connoté de transcendance, d'une possible extériorité de l'observateur, est la physique quantique, dont les expériences subatomiques se heurtaient à l'influence que possédaient les appareils de mesure sur le phénomène observé. De nombreuses disciplines ont emboîté le pas, comme les sciences cognitives ou l'anthropologie, qui s'est ainsi débarrassée de la partialité de plus en plus reconnue dont faisaient montre, parfois à leur insu, les scientifiques chargés d'étudier et d'expliquer des systèmes sociaux qui ne correspondaient pas à leur système de valeur. 3.6 - Totalité et droit Le système juridique, apparemment plus protégé, subit cependant indirectement le contrecoup de cette incomplétude, dans la mesure où sa définition fonctionnelle (la régulation) ne peut se passer de faire référence à la totalité sociale sur laquelle elle repose. Si l'on définit le droit comme un ensemble de norme destinées à maintenir un ordre conventionnel, on accepte alors implicitement de renoncer à connaître totalement l'origine et surtout l'évolution de la substance des valeurs qui en émergent par un lien mécanique de causalité. L'observation de plusieurs formes de droit successives ne permet pas de prédire de manière certaine les formes ultérieures de ce droit. Néanmoins, on peut dresser, à l'analyse du passé d'un système, un tableau de ce qu'une évolution endogène peut vraisemblablement modifier au niveau de la structure du système. Sachant qu'un système social se construit ses finalités dans telle ou telle direction, on peut en déduire les formes que revêtira alors l'ordre juridique adopté par ce système. Sur le plan théorique, une telle déduction est simple : il suffit de considérer la forme que prendrait le système social en l'absence de toute norme de régulation, et celle qu'il fait émerger de Sa finalité. De la différence qu'on constatera entre les deux, on tirera le besoin régulatoire du système. De ce besoin, on peut alors déduire l'effort que le système doit produire pour se porter du point d'équilibre qu'il occupe à celui qu'il s'est assigné, et calculer, en n'importe quel point du système, le type de norme à appliquer, etc. Ce qu'il est important de souligner, c'est la multiplicité des formes et des analyses que les observateurs prêtent aux totalités. En mettant en lumière tel ou tel point du processus, on peut déboucher sur des conclusions radicalement différentes (renvoyons aux querelles entre Castoriadis et Hayek, Gauchet et Dumont). Le social, par exemple, est-il voulu ou émerge-t-il seul ? le retour à l'individualisme est-il forcément une dégradation du lien entre société et individu ? Toutes ces questions, la totalité complexe les renvoie dos à dos en soulignant leur unique point commun : le caractère foncièrement artificiel de leur séparation dialectique. Ce n'est pas l'un ou l'autre, ce sont les deux à la fois qui, au gré de ce que les individus tendent à en percevoir, prennent tour à tour des physionomies opposées. La mort d'une certaine liaison sociale telle que dénoncée par Dumont n'est rien d'autre que la naissance d'un nouveau type, plus complexe, décrit par Gauchet. Il n'y a là que mutation, au sein d'une totalité qui prend l'apparence quasi fractale d'un ensemble ou chaque individu s'individualise par rapport à une globalité qu'il perçoit, mais qu'en même temps il intériorise, ce qui fait émerger une autre globalité, qui n'est plus purement globale mais aussi résultante du choc passé des individus avec elle-même. 3.7 - En guise de conclusion : Totalité et néant Tout se passe alors, et l'on comprendra aisément le retour en force des idées libérales dans les sociétés modernes contemporaines, comme s'il n'était quasiment plus besoin d'une régulation, la force régulatoire de la Totalité garantissant par elle-même la cohérence du système. On peut aussi de manière plus directe en faire une résultante logique de la montée en puissance de l'individualisme, mais il est alors impossible de rendre compte de la distinction effectuée plus haut entre dislocation et complexification. Enfin, on notera que seul un phénomène de totalisation peut permettre de rendre compte du processus de création de normes par émergence, c'est-à-dire par le fruit d'un accord global trouvé autrement que par voie générale (accord collectif, par exemple). Si l'on reprend l'exemple des automobilistes aux carrefours, on peut critiquer le côté arbitraire de la règle de priorité à droite, et la considérer comme une atteinte inacceptable à la liberté individuelle. Tous les cas de figure s'ouvrent alors : les individus peuvent considérer comme acceptable le risque de circuler à un carrefour. Ils pourront alors se contenter de ralentir pour diminuer la gravité des inévitables accidents, ou au contraire l'augmenter pour diminuer la probabilité des collisions, ou encore s'arrêter systématiquement, etc. Il résultera de toutes ces combinaisons, et au fil du temps, une pratique, d'autant plus connaissable qu'elle évoluera au rythme lent des accords collectifs acycliques, mais d'autant plus imprévisible. Au fur et à mesure que la connaissance des individus s'étendra sur cette pratique, l'objectif de circulation fluide et sans heurts tendra à être atteint, et ce de manière particulièrement stable, car d'une conformité maximale à l'idée que chaque individu se fait à chaque instant de son degré de liberté. Une telle situation est, par exemple, observable en Indonésie. On aperçoit alors une caractéristique de l'émergence : l'aléas de la combinaison, qui amène à considérer comme justes (car nécessaires pour le " bien commun ") des situations qui peuvent être ressenties comme localement injustes (les victimes des accidents préféreront parfois ne pas participer au détriment de leur vie à l'élaboration d'un accord qui auraient pu se trouver par des moyens plus respectueux de l'intégrité physique de l'individu). Et de mettre en avant l'avantage fondamental de l'accord collectif préalable tel que défini par Rousseau, même s'il est fictif et dangereux : moyennant délégation par limitation d'autonomie de décision a priori, les individus peuvent trouver simultanément la solution de conflits globaux par une action directe sur leur totalité. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 DEVANT les illustres plumes et penseurs Que pouvons nous dire? devant ces vérités CACHÉ. AUX GRANDS PUBLICS Citer Link to post Share on other sites
At-Waligh 10 Posted April 30, 2013 Partager Posted April 30, 2013 bonsoir mr fekroune qu'a tu exactement compris dans toutes ses suites? peut tu nous faire un résumé please ? Citer Link to post Share on other sites
hurlevent 10 Posted April 30, 2013 Partager Posted April 30, 2013 bonsoir mr fekroune qu'a tu exactement compris dans toutes ses suites? peut tu nous faire un résumé please ? Faut connaitre le fonctionnement de PMAT Il nous gave de copier-coller Ensuite il attend de savoir ce qu,on en pense Puis soit il démolit ce qu,on dit Soit il le fait sien et ouvre un autre sujet avec ta critique!!!!! Mon avis:il ne l'a pas lu...... Citer Link to post Share on other sites
At-Waligh 10 Posted April 30, 2013 Partager Posted April 30, 2013 attendons de lire mr fekroune sur ce copié collé résumé ;) mais je crois que l'ai quelque peut énervé Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted April 30, 2013 Author Partager Posted April 30, 2013 bonsoir mr fekroune qu'a tu exactement compris dans toutes ses suites? peut tu nous faire un résumé please ? tu joues au maitre et moi je serais l'eleve? tu y va fort? l'eleve que je suis je lit un mecontentement sur les penseur et le laisser faire des politique bien au conyraire ils s'apuient souvent sur des rapporteurs et des penseurs qqui ont tout faux mems des democrate et des laics TOUT COMME MOI JE LE DIS IL Y CONFUSION ET VIS 5vis de formes aussi) PS: arretez de jouer aux profs et aux donneurs de lecons des lecons je peux vous en donner mais j'ai de la pudeur IL NE FAUT JAMAIS SOUS ESTIMER ON DIT CHEZ NOUS TOUT BOIS QUE TU AURA SOUS ESTIMER POURA TE CREVER L'OEIL ICI ON RISQUE DE RIRE DE VOS PROPOS Citer Link to post Share on other sites
hurlevent 10 Posted April 30, 2013 Partager Posted April 30, 2013 5 vis Merde c'est mieux qu'un meuble Ikea ICI ON RISQUE DE RIRE DE VOS PROPOS Le rire est bon pour la santé. La poutre qui est dans l'oeil de chaque critique lui sert de longue-vue pour apercevoir la faille qui est dans l'oeuvre de chaque auteur. Erik Satie. Bel exemple de positivisme. Ca te tente pas d'essayer cette attitude? Citer Link to post Share on other sites
At-Waligh 10 Posted May 1, 2013 Partager Posted May 1, 2013 moi je voudrais connaitre le type de visses ? à bois, métaux, inox, cruciformes, tètes plate, tètes arrondi? Citer Link to post Share on other sites
hurlevent 10 Posted May 1, 2013 Partager Posted May 1, 2013 moi je voudrais connaitre le type de visses ? à bois, métaux, inox, cruciformes, tètes plate, tètes arrondi? Sans tête, ça existe? ok je sors......je sors.... Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted May 1, 2013 Author Partager Posted May 1, 2013 QUAND on est destructeur de dujets Que savons nous faire d'autre? Que la destruction Comme pour privé l'autre de dire ou de faire Ou est l'intelligence C'est que bêtises Citer Link to post Share on other sites
hurlevent 10 Posted May 1, 2013 Partager Posted May 1, 2013 Pour détruire un sujet, il faut qu'il y en ait un. Tu parles de vis ( en construction , ce qui retient deux choses ensemble) alors que tu discours sur les vices (défauts). Tu nous garroches des textes sans correction. C'est du non-respect du lecteur. Tu fustiges les intellos mais tu fais tout pour les imiter. Longtemps je t'ai respecté.Jusqu'au jour ou une illuminée est entrée sur le forum et pour te faire du crédit auprès d'elle, tu m'as jetée sous le bus. Maintenant je me réserve le droit de ne plus respecter ta sensibilité et de mettre tes interventions au niveau clownesque. Là ou ils appartiennent. A bon entendeur, salut! P"S" Si tu es plus intelligent que nous, apprends donc à corriger tes fautes. Moins de contenu inutile et peaufine le contenant. Citer Link to post Share on other sites
pmat 276 Posted May 1, 2013 Author Partager Posted May 1, 2013 1. Heureux l'homme qui ne marche pas selon le conseil des méchants, Qui ne s'arrête pas sur la voie des pécheurs, Et qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs, 2 Mais qui trouve son plaisir dans la loi de l'Éternel, Et qui la médite jour et nuit! 3 Il est comme un arbre planté près d'un courant d'eau, Qui donne son fruit en sa saison, Et dont le feuillage ne se flétrit point: Tout ce qu'il fait lui réussit. 4. Il n'en est pas ainsi des méchants: Ils sont comme la paille que le vent dissipe. 5 C'est pourquoi les méchants ne résistent pas au jour du jugement, Ni les pécheurs dans l'assemblée des justes; 6 Car l'Éternel connaît la voie des justes, Et la voie des pécheurs mène à la ruine. Le Noble Coran 114:1 قُلْ أَعُوذُ بِرَبِّ ٱلنَّاسِ Qul aAAoothu birabbi alnnasi Dis: «Je cherche protection auprès du Seigneur des hommes. Citer Link to post Share on other sites
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